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MAURICE RAYMAL
rez-de-chaussée de 20.000 mq. contiendrait les halls et
canaux de circulation de tous les réseaux. La première
plate-forme, que Le Corbusier appelle la Grande Croisée
serait vouée à la circulation des autos à grande vitesse ;
des rampes raccorderaient la passerelle de grande croisée
au sol normal de la ville. Et la deuxième plate-forme
constiueraient une gare d’atterrissage d’avions.
Tels sont les principes généraux de la ville future.
Le Corbusier en les imaginant a soigneusement confronté
sa ville au Paris actuel, et sans vouloir raser Paris, estime
que le centre de Paris pouvait être totalement trans
formé suivant une immense opération immobilière, fruc
tueuse pour les finances municipales et respectueuses des
souvenirs historiques.
M.ais il est une question qui dans le projet de Le
Corbusier intéresse également une autre sorte de spécu
lation, je veux parler du point de vue artistique de la
ville idéale.
Le grand rôle de l’art n’est pas d’émouvoir par l’idée
qu’il exprime comme prétend encore Victor Cousin, mais
de toucher par des moyens propres, par la poésie de sa
technique, c’est-à-dire par les multiples combinaisons
rythmiques qu’il peut imaginer dans le cadre de ses pré
occupations fixes. C’est ce principe qui a continuellement
guidé les efforts de Le Corbusier. Son projet est d’ordre
esthétique comme d'ordre pratique. Et il a parfaitement
délimité ce que peut-être une esthétique architecturale,
c’est-à-dire une esthétique qui ne peut-être comparée à
nulle autre. Dans les mesures qu’il a établies, les gratte-
ciels, les grandes places vides, une gare aplatie, les
redents en pourtour constituent des recherches de volu
mes d’un intérêt plastique remarquable, surtout si l’on y