Volltext: 4(1922), Octobre-Novembre = Nr. 29 (29)

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JEAN EPSTEIN 
vendus, vendus, se seront, se seraient vendus, vendus, ou qui ne se vendent 
pas, ne se vendaient pas, ne se vendront jamais. Ni dans les tableaux. Ni 
dans les idéogrammes communément appelés dada, sorte de nain jaune 
pour personnes extrêmement intelligentes et désœuvrées et pâles sans 
doute. Nous ne sommes pas mûrs. La matière aura eu ses contagions, 
microbiennes dit-on. Aux jours de l’art, l’idée se communiquera, incu 
rable dans les pestes. La folie des martyrs et des croisades, le plaisir 
de mourir et de tuer, la panique des tremblements de terre et ce qu’on 
imagine de la peur du déluge ou de l’Atlantide effondrée, ne sont 
rien. A force de pensée tout nom sera devenu une chose et le néant 
même, concret. Déchirant un million de cœurs souffrants, irréparable, 
l’art éclatera comme le point le plus aigu de la douleur, comme éclata 
parmi les hommes en route contre Dieu, au plus haut de la spirale, 
l’atroce confusion des langues de Babel. Comme aux Juifs, entre les 
nuages, le visage d’un Dieu apparaissant, gros plan désespéré. 
Telle sera, au delà de l’art à vrai dire, l’action d’un esprit, un seul 
peut-être, et d’une idée, une seule peut-être et la dernière, engendrées 
par la volonté la pire, impitoyable parce que non voulue, ni compréhen 
sible, ni raisonnable. D’un homme, premier poète, Christ conquérant, 
René qui ne laisse plus fuir son cœur en jolis gestes gratuits, Machiavel 
rêvant l’âge d’or; premier aussi des philosophes guerriers pour qui des 
peuples d’idées silencieuses glissent leur vol exterminateur. L’énergie 
inaltérable qui ne peut plus s’empêcher de vouloir, s’appelle amour, 
comme s’il n’y en avait jamais eu d’autre. Celui-là est couleur d’agonie, 
satisfait aux environs de la mort, prémédité et regrettable comme un 
crime. 
Est-il bien sûr que j’anticipe? L’avenir est ce cœur du peloton 
qu’en laisse je tiens par le bout du fil. Tandis qu’il se déroule, Paracelse 
écrit ; Ne plaisantez pas avec ceci, car vous ne connaissez pas la force 
de l’attention. L’attention de la bête fait l’homme, et de l’homme, ce
	        
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