LA POÉSIE
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n'oublie point ce qu'il a dit une fois. Il adore les femmes, la peau des
femmes, la peau d'un joli gris à peine rosé, la blancheur de lait avec
l'attrait d'une petite sueur qui brille, la pâleur des brunes... «Le corps
de la femme, c'est encore le moule le plus parfait que l'on ait trouvé
pour y conserver la beauté. »
Chaque lettre, chaque mot est une patère où Monsieur Henri
Vandeputte accroche de vieux souvenirs et ses regrets nouveaux; quel
quefois ce sont des poèmes en prose.
Marcel SAUVAGE.
SIGNES DES TEMPS, par Æaurice Æartin du Gard (Emile-Paul
édit.)
Martin du Gard, est-ce après le gant de crin, sur les marches de
la Bourse que vous écrivez vos poèmes? Je le croirais sans peine.
Ils ont le goût, la couleur de l'ambiance et cette poésie du “moment"
qui n’est pas faite avec de la ressemblance, mais avec ce sens de l’actuel
qui vous sert si bien.
Des orchestres se racontent...
Les secrets du corps humain,
Et ce soir toutes se sont prises
Les pieds et l’âme dans leurs perles.
Vous y êtes grave aussi : le cours de la livre, les négligences de
nos ministres vous préoccupent. Pas trop toutefois. Vous conservez
votre ironie, comme, dans une foule, on se hausse sur la pointe des
pieds pour mieux voir.
O siècle, mauvais fonctionnaire,
Les ajrant droits des rêves morts
A tes guichets fermés s’endorment.
Tirons toujours des traites sur nos dieux.
Lorsque je vous rencontre d'un doigt mystérieux, vous me confiez
une bagatelle, mais la catastrophe vous la commentez avec un sourire.
Vos poèmes ont cette même désinvolture. Ils oscillent de droite à
gauche, la jaquette s'y troque contre le chandail, sans que leur équi
libre en soit jamais atteint.
Marcel RA VAL.