MAGNÉTIQUES
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— C’était un beau jour puisque l’ennui au bras
duquel nous descendons le boulevard Saint-Michel
nous avait abandonnés. Nous comptions les voitures
et. lorsque l’une d’elles s’arrêtait, ce même jeune
homme nous apportait son sourire.
— Quelle surprise, dites-moi, quand nous trou
vâmes son portrait dans les journaux! Enfin il
partait pour une destination inconnue. Les voitures
de messagerie occupent le centre d’une ville. Ce sont
les feuilles mortes de la place.
— Sans nous en apercevoir, nous approchions des
temples. Un mendiant tendait sa sébile et hurlait
lorsque nous y jetions notre cigarette. Il n’y avait
plus personne sur le trottoir. Quand nous étions
las, je chantais de ma voix de fausset les romances
que les revues académiques refusaient régulièrement.
Les dames élégantes nous entraînaient au bois.
— Allons nous-en de nos âmes si pauvres et faus
sées à force d’avoir été brutalement ouvertes. Les
berceaux ne connaissent plus de voiles et je vois
dans leur flèche une enseigne atroce pour l’avenir. »