Volltext: Nouvelle série No. 10(1er Mai 1923) (NS 10)

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qu’il ne fallait s’embarrasser dans la vie ni de femmes, ni de lorgnons, 
ni de cœurs, mais avoir l’esprit à peu près nu comme une statue 
antique — à peine une feuille de vigne dans la région du cervelet. Et 
je fis du sport. Le sport est en train de transformer l’homme. Wells ! 
quelle blague ! C’est dans ses organes et dans ses muscles que l’homme 
se modifie. Le poumon c’est l’homme. Je vois des athlètes rouges 
transmettre à leurs enfants des biceps michelangelesques. Des jeunes 
filles aux joues épaisses mangent du lard à l’entr’acte du tennis. Les 
écrivains ont des pouls clairs et des respirations normales. Des vieil 
lards pleins de greffes font sons relâche de l’alpinisme, et de longues 
femmes sanguines sirotent des tonnes d’amour. Sur les places 
publiques, de beaux jeunes hommes roses, par jeu, se lancent l’un 
contre l’autre de grandes lames d’acier, qui leur tailladent suavement 
les muscles pectoraux. Un sang superflu ruisselle dans les rues pictu 
rales. C’est le petit matin du grand soir. 
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* + 
Du sport, je tombai dans Barrés. Le roman de l’énergie nationale, 
etc., etc... Ce qui me chagrine, c’est d’entendre souvent dire qu’Ana 
tole France est un plus grand écrivain que Maurice Barrés. C’est une 
galéjade des Martigues. Pour moi, si limpide que soit M. de Arouet, 
je lui préfère le petitJean-Jacques, et je situe le Jardin de Bérénice à 
sept coudées au-dessus du Jardin d’Epicure. Je lisais aussi, naturelle 
ment, les illuminations et l’Imitation de Jésus-Christ. J’écrivis une 
épître en langue d'oc à Monsieur Mac-Orlan, à bord de l’Etoile Matu- 
tine, par Caracas (Vénézuéla). Je me chaussais de bottes, et je devins 
rapidement végétarien. Ma mère arrosait les salades. Mais mon père, 
médiocre chasseur, tuait quelquefois un roitelet, une pie ou une buse. 
Lorsque j’eus vingt roitelets, je fus tout décontenancé que cela ne fît 
point un grand Roi. Luce préférait les Reines et les reinettes. Elle en 
pêchait parfois dans la mare, et les apportait à notre chat. Les chats 
ont horreur du vert. Ils ont un poil dans les pattes, et mille piles 
dans la fourrure. Ils adorent ma prose, comme eux réticente, sèche 
et suspecte.
	        
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