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la grande mouche la moustache et la
petite mandoline
je m’éveillai d’un sommeil profond et sans rêves
avec des objets désagréables sur ma figure
sophie me dit que c’était une grande mouche une moustache et une
petite mandoline
je ne pensai aucunement à les retirer bien au contraire
je demeurai sans bouger pour qu’ils ne puissent tomber de ma figure
ainsi sophie n’y touchait pas
et disait à la domestique de prendre beaucoup de précautions quand elle
me nourrirait
parce que à son grand regret elle devait partir
pour l’italie pays des grandes mouches des moustaches et des petites
mandolines
je demeurai sans bouger
et respirai le parfum des premières fleurs
des rêves se laissaient guider par une perle
j’entendis la plainte du rossignol
dans le reflet du miroir je voyais passer
une girafe qui portait une souris sur sa tête
en été je perçus dans le lointain le tonnerre d’une guerre
les voisins parlaient de paix de lits de musique d’animaux triangulaires
devant ma fenêtre
sur ces entrefaites sophie revint d’italie
elle ne s’étonna pas le moins du monde
de me trouver encore couché avec les objets désagréables sur ma figure
c’est alors qu’une nuit je rêvai qu’une bouche de feu
douce et en même temps monstrueuse comme une rose
dévorait la grande mouche la moustache et la petite mandoline
à mon réveil je constatai qu’en effet ma figure était couverte de brûlures
mais je me trouvai débarrassé des objets désagréables