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LA POÉSIE 219
WESTWEGO, par Philippe Soupault (Ed. de la librairie Six)
Philippe Soupault est l’homme de toutes les chansons et surtout
l'homme des Chansons des buté et des rois :
Le petit Edouard Maisonnet
habite dans sa petite maison
Il pêche les poissonnets
de son ami le forgeron
ou bien encore :
Monsieur Miroir marchand d’habits
est mort hier soir k Paris
il fait nuit, il fait noir
il fait nuit noire k Paris
Quand il passe dans la rue, un petit sourire s'étend jusqu'aux
taxis et aux devantures des magasins « on va s'amuser... » se disent-
ils. C'est qu'il parle de tout avec le sourire et sa poésie est une plai
santerie comme les châteaux en Espagne.
Après Aquari im, Rose des Vents, les Champs Magnétiques et cette Invi
tation au Suicide, dont l'édition originale a été limitée à un seul exem
plaire, voici Wéstwego où certains critiques ont pu voir l'influence de
Zones et de la poésie de Cendrars ; mais ces vers :
Marchons pour être sots
Courons pour être gais
rions pouf être forts
rappellent-ils Apollinaire ou Cendrars ?
Non, Philippe Soupault grimpe aux arbres pour apercevoir la mer.
Quand il nage sur l'Océan il se laisse couler pour vérifier l’existence
des homards.
S'il fume c'est pour ne pas tourner la tête — S'il tourne la tête
c’est parce qu'il y a une belette devant lui, mais donnez-lui un appareil
téléphonique et vous verrez...