PAUL FIÉRENS
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LES ARTS
LE DÉCOR DE LA VIE
Le titre même a quelque chose de désuet. Décor de la vie : on
songe à de l'artificiel, du prétentieux et du naïf. C'est, en effet, de cri
nolines qu'il s'agit. Le Décor de la Vie sous le second Empire, telle est
l'enseigne d'une exposition bien touchante où l'on nous propose non
sans doute en exemple, mais peut-être comme un sujet de méditation
les fauteuils capitonnés de nos grand’mères. Et que l’ensemble présente
jusque dans sa laideur franche une certaine unité, n’est-ce pas déjà de
quoi donner tort aux rieurs? Le ridicule a son tragique.
D’ailleurs, le second empire est à la fois trop près et trop loin de
nous pour que nous le jugions en pleine indépendance. A nos yeux
d'aujourd’hui, telles modes semblent charmantes parce que les nôtres
s'en inspirent ; telles étoffes ont une valeur plus que « documentaire »
à cause d'analogies qu'il nous plait d'y voir avec de récentes toiles
imprimées. Mais ce sont rapprochements du hasard.
Ce qui sauve de la décomposition totale une époque aussi déshé
ritée, ce qui lui conserve une cohérence dans l'absurde, c'est l'effort de
renouvellement qui, malgré tout, s’y manifeste. Maladroitement, j'en
conviens, car si les ébénistes dédaignent la copie des modèles courants,
c'est dans l'imitation de styles plus lointains et la combinaison d'élé