Volltext: 4(1922), juin-juillet = Nr. 27 (27)

RENÉ MARIE HERMANT 
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nous transporte chez lui et nous en découvre les plus surprenants 
retraits, les plus secrets tréfonds, c’est fort beau, encore qu’assez facile 
et pour tout dire régulier. Il serait désastreux qu’un guide local ignorât 
les plus beaux sites de son domaine. Mais que deux écrivains français 
se révèlent à ce point sensibles au génie et re-créateurs du mystère 
d’une race aussi franchement extérieure paraît autrement intéressant. 
Théâtralement, cette rapide petite tragédie reste d’une possibilité 
humaine de toutes les latitudes. Instrument du parti révolutionnaire, 
une femme accepte les plus basses infamies comme un devoir, et finit 
par dénoncer son amant, par méfiance d’elle-même, pour mieux servir. 
89 aurait pu, chez nous, motiver de tels conflits. Cependant on peut 
penser qu’ils n'eussent point connu cette simplicité de tension, cette 
rigueur calme dont ils s'aggravent ici. Daïcha, rouleuse de cabarets, 
paillasson à grands ducs fait son devoir. Une occidentale, je crois, et 
mieux, une latine, le ferait aussi mais il en deviendrait sacré tout de 
suite, dès le début, sans délai et je pense qu'elle le prononcerait souvent, 
avec une belle capitale, comme il convient. Daïcha, elle, simplement, 
croit servir. Et les temps révolus, passée de la brasserie au Kreml, elle 
ne s'en souvient qu’à peine, quand on insiste vraiment. Autour de cette 
femme, les t3 r pes les plus divers s'efforcent, souffrent, doutent et discu 
tent en cette atmosphère de misère intime, d'inquiétude éternelle, de 
mélancolie et de bonté maladroites où se débattent leurs consciences 
d’enfants tôt orphelins. « Les Russes ont des remords pour tout le 
monde », dit le lieutenant Apraxine, en ricanant de lui-même, tout cro- 
quillant du tournesol. Mange tes grains de soleil, Ossjp-Ossipovitch, 
drough moï, et crois 1 Crois toujours, aujourd’hui le contraire d’hier et 
de nouveau autre chose demain, fermement. Longtemps encore, Groucha 
ne pensera qu’à partir loin, loin, toujours plus loin, la-bas, sans savoir, 
dès que le malheur s’annoncera quelque part; et le père Afanase pourra 
bien disparaître comme ne lui cèle point Tchérébérébine dont les valenki 
pataugent autant dans la plus scrupuleuse irrésolution que dans la neige 
de la Place-Rouge — oui, petit homme de Dieu ! ton tour viendra, petit 
homme de Dieu... — et Arcade-Dimitrievitch s’entêter et Ivolguine 
chercher partout la liberté qu’il a servie sans devoir jamais la connaître, 
longtemps encore la Russie restera la Russie, avec ses détresses, ses 
ivrogneries, ses exaltations, ses hypnoses, ses candeurs, ses sacrifices,
	        
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