Full text: 4(1922), février = Nr. 25 (25)

feuilles libres 
CRITIQUE GÉNÉRALE 
LA VULGARISATION, DE VOLTAIRE 
A M. NORDMANN. 
— Donnez-nous des idées, des idées générales, pour alimenter 
notre conversation, renforcer l’encre pâle de notre écritoire, et meubler 
le vide de notre cerveau î 
Mais qui donc ira chercher l'Idée, qui vit sauvage et nue dans son 
grenier, pour la vêtir d’une robe à la mode et la faire danser sur le 
parquet ciré de la littérature ? Ce sera la vulgarisation. Cette intermé 
diaire complaisante, cette entremetteuse entre l’idéal et l'utilitarisme, 
met en monnaie les lingots d'or de la pensée. Opération nécessaire 
pour les échanges intellectuels et où il faut apporter autant d'art que de 
probité. N'est pas vulgarisateur qui veut. Si c'est un métier que de 
faire un livre, c’est une vocation que de prétendre accorder le néant et 
l'infini, l'ignorance et le savoir, et allier le cuivre de la plèbe au métal 
fin des sages. Le xviii* siècle a eu Voltaire, après Fontenelle. Au xix*, 
pourquoi ne serait-ce pas Renan? On m’objectera le Corpus inécr. démit. 
et la Æidéion en Phénicie. Je veux bien que Renan ait été un érudit en 
quelque domaine, mais n'a t-il pas été pour les sciences religieuses pré 
cisément ce que Voltaire avait été pour Newton et Locke? Sa conception
	        
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