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museau rose au creux de la belle main soignée; on la voyait,
innocente et féroce, marcher l’amble sur un mol tapis de
paroles câlines, tenant fièrement une longue plume d’oie entre
ses quenottes de chatte plus fines, plus acérées que des dents de
brochet.
M. Edon Krijanowsky, las d’une mauvaise humeur à quoi
ne l’avait guère accoutumé le plus indulgent et le plus cour
tois des maîtres, cessa de venir aux ordres. Chassant, repous
sant ses scrupules, il acheva sur des données singulièrement
incertaines une statistique commencée sous le contrôle rigou
reux de Dominique Dalibert et qu’attendaient les cinq Acadé
mies de Londres, de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Rome
et d’Amsterdam, comme cinq vieilles attendraient leur bois
pour l’hiver. De semaine en semaine, M. Edon Krijanowsky,
tremblant autant d’égarer les bons esprits que de ternir, de
ruiner peut-être, la réputation, la gloire de son maître, signa
Dominique Dalibert, mais d’une main défaillante, les feuille
tons des Débats, les chroniques de la Revue des Deux-Mon
des et les articles de Y Ouest-Eclair, de YEcho du Nord, du
Petit Marseillais, de Y Etoile Belge et ceux, rien que mensuels
et c’était un soulagement, du Correspondant, des Annales de
la Patrie Russe et de la Wiener Zoologie Rundschau. Même
The Cat de Philadelphie câbla quatre-vingts mots désolés,
quatre-vingts mots d’appel pressant auxquels M. Krijanowsky
ne sut répondre un seul. Et il souffrait encore d’irritantes cor
vées, comme de recevoir et d’éconduire le commis d’Alcan,
le coureur de Maloine et l’employé de Flammarion, qui sol
licitant de la copie fraîche, qui une autorisation de traduire,
qui réclamant on ne sait plus quel bon à tirer.
Mme Dalibert, lentement convaincue par Phrosine, reprit
de ses mains molles les rênes du gouvernement. Le maître ne