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Le disciple fidèle ne se sentait capable que de ces mots et
encore les bégayait-il et il mouillait de ses larmes tièdes en les
embrassant les belles mains du grand homme. Dominique
Dalibert venait de les laver, époux obéissant.
III
— Pourquoi, s’était demandé Mme Dalibert, pourquoi
M. Dalibert, à l’instant de me quitter, là, sur le seuil de ce
boudoir, a-t-il mis un doigt sur sa bouche en regardant l’af
freuse Poustikette?
L’excellente dame y pensa jusqu’au retour de son mari.
Elle y pensa durant tout le repas auquel elle toucha à peine
et à quoi il fit, lui, singulièrement honneur. Elle y pensa tout
le jour, au moins jusqu’à cinq heures du soir, instant où elle
s’imposa de reprendre Elisabeth ou les Exilés de Sibérie, le
chef-d’œuvre de Mme Cottin, afin de n’y plus penser.
Dominique ne dîna pas à la table de famille. C’était la date
du Dîner Mensuel des Amis du Collège de France, et
M. Krijanowsky lui avait fait observer qu’il y avait manqué
deux fois. Le lendemain, le maître travailla toute la matinée
avec son secrétaire, déjeuna à une heure à l’Ambassade de
Chine où l’on recevait le Recteur de l’Université de Pékin ; il
quitta la rue de Babylone à trois heures pour aller faire un
cours à l’Ecole des Hautes Etudes où, après une si longue
absence, la jeunesse studieuse lui fit une ovation, <( Un chic à
Dalibert!... chic à Dalibert!... chicadalibert!... chic! » et, le