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soir, il conduisit Mme Dalibert à la Comédie-Française. On
donnait Andromaque .et La Souris, de Pailleron.
— La Souris... quel drôle de titre, dit Mme Dalibert en
consultant le programme ; que n’avez-vous amené votre Pous-
tikette, elle eût peut-être compris. Qu’avez-vous?... Vous
avez froid ?
Dominique Dalibert répondit qu’au contraire la salle était
beaucoup trop chauffée et que le frisson qui l’avait secoué
était purement nerveux.
La journée suivante retint le maître à la maison jusqu’au
soir. Mme Dalibert prétexta d’une migraine pour ne pas
accompagner son mari à la Salle de la Société de Géographie,
où le D r Jarjenskold prononçait une conférence sur Y Instinct
social chez les amphibies des mers boréales.
Le maître regagna son logis un peu avant minuit. Il usa
peu de lumière, fut à la salle à manger boire un grand verre
d’eau et, prenant soin d’éteindre les lampes derrière soi, fut
s’enfermer dans sa librairie où, par de très doux appels, il
réussit sans peine à attirer Poustikette.
Il jeta à la volée son pardessus, son habit, dénoua sa
cravate et déboutonna son col et, dans cette tenue qui lui con
férait quelque chose d’un vague bohémianisme, il s’allongea
sur le divan de cuir où, d’une détente souple de l’échine, vint
le rejoindre Poustikette.
Il lui sourit, la caressa, et l’installa bien contre soi, la tiède
fourrure collée à la noire étoffe et, sans cesser de la caresser,
de plus en plus doucement, de plus en plus lentement, inclina
vers le fauve apprivoisé, le petit monstre câlin, les deux grains
de cassis et toute la face de craie.
— A nous deux, Poustikette, ma belle!... hé! tu désespé
rais, ma mignonne?... Tu croyais peut-être que je ne te trou