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policier, et chassé du Quai des Orfèvres pour trahisons mul
tiples, inscrivait d’une belle écriture commerciale sur le
registre de clientèle de son agence « Policia » : « Horace
Dalibert, catégorie des intellectuels possédés; servir fidèle
ment jusqu’à plus ample informé; peut, à son insu, fournir
méthodes d’investigations nouvelles... »
Si horriblement riche que soit la littérature infâme, cer
taines turpitudes n’ont été que furtivement décrites; plu
sieurs vices, moins inquiétants que tant de vices publics, n’ont
jamais eu leurs fanfarons. Le code de la pudeur est incom
plet. N’est-il pas indécent plus que tout de faire encore par
ler Poustikette avec qui le misérable professeur s’entretient
chaque soir, dans la nuit, sans autre lumière que le double feu
vert des yeux de Poustikette?
Plus son langage est articulé plus grande en est l’horreur,
et la bête ne parle que pour faire apparaître devant son
maître un Dalibert volé, trahi, bafoué, déshonoré par ceux
qu’il aime.
Frédéric Poule dément Poustikette, obstinément; même
si le client qui veut être tout de bon volé, trahi, bafoué,
déshonoré, le traite de maladroit, d’escroc et d’imbécile.
Frédéric Poule hausse les épaules; d’un pouce d’assassin
gras il roule une cigarette de fin, la colle et dit :
— Cette personne qui articule les dénonciations, cette
personne de confiance (il ricane), et, si j’ai bien compris,
cette jeune personne, éprouvez-la. J’ai l’idée d’un piège...
Dominique Dalibert qui n’a jamais fumé (pas même tiré
une bouffée des blondes cigarettes de Dora Dorée, les ciga
rettes rougies par le fard des belles lèvres; soirées de Saint-
Pétersbourg!), s’est acheté un paquet de « bleu » et du
papier Job, et il sème le tapis de l’herbe excitante, avant de