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La Tristesse de la Peinture
Les Feuilles libres ont cru qu’il était utile pour la clarté
des conceptions esthétiques de l’heure présente de deman
der à quelques publicistes de vouloir bien répondre aux
questions suivantes :
Des critiques ont fait remarquer que notre jeune Pein
ture s’était révélée au Salon d’Automne sous des apparences
de tristesse et d’austérité. (1)
Les œuvres de ce Salon — celle de la Salle II entre
autres — sont-elles, selon vous, l’expression fidèle des ten
dances artistiques actuelles?
Si oui, comment expliquez-vous que la Peinture — dont
personne ne contestera qu’elle est pour nos auteurs contem
porains ce que l’impressionnisme musical fut pour les écri
vains symbolistes, c’est-à-dire la force animatrice et le mo
dèle des autres Arts — que la Peinture soit si dépourvue de
cet humour, de ce pittoresque, de cette fantaisie, de ce cha
toiement qui composent, semble-t-il, le visage actuel de la
Poésie, et même celui de la Musique? (2)
Croyez-vous que la Poésie et la Musique subiront cette
réaction en épousant cette plasticité, cette mesure, cette
discipline intérieure qui sont les caractéristiques de la Pein
ture d’aujourd’hui? Le souhaitez-vous?
Voici les opinions que nous avons reçues :
(1) » La Salle II frappe, par sa tristesse », Claude-Roger Marx
(Le Populaire) — « La Salle II paraît lugubre », Pierre Varenne (Bon
soir. — « Les Jeunes sont tristes » René Chavance (La Liberté), etc.
(2) Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Jean Cocteau, Paul Morand. —
Igor Stravinski], Erik Satie.