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Lettre ouverte.
Cher Monsieur,
Les exposants de la salle n° 2 du Salon d’Automne auront
été les premiers étonnés, j’imagine, d’apprendre qu’ils repré
sentent toute la « Jeune peinture ». Parmi ces peintres, il
en est d’ailleurs un, le plus talentueux, qui de temps en
temps délaisse les gammes sombres dont il a communiqué
le goût à ses amis, pour des gammes argentées tout aussi
« modernes ». Il s’agit de Dunoyer de Segonzac, le moins
sectaire des constructeurs, comme on dit. Si vous l’inter
rogiez, il vous répondrait probablement qu’il y a au Grand
Palais au moins quatre salles excellentes où la jeune pein
ture revêt des habits moins austères. Je n’entreprendrai
pas la description de ces salles, ni l’exposé des doctrines
(cachées ou avouées) qu’elles illustrent. Je ne parlerai
que de la salle n° 7, parce que je connais les aspirations
des peintres qui y exposent et aussi parce qu’elle a été la
plus calomniée par une certaine critique, insuffisamment
désintéressée.
Cette tristesse de l’œuvre peinte dont vous paraissez si
ému, on l’a dénoncée également à propos de cette salle 7,
d’où, au contraire, il me semble que la couleur et la fan
taisie ne sont pas tout à fait bannies. Franchement, j’avoue
ne voir aucune trace d’accablement ni de sénilité précoçe
dans les toiles de MM. Bissière, Gernez, Simon-Lévy — et
j’ai même cru broyer du noir. En effet si je pense que les
questions de tristesse ou de gaieté, de laideur ou de beauté
n’ont rien à voir avec l’art, je n’en ai pas moins, par nature,
le goût de la couleur et de la grâce, et je préfère peindre
« aigre », comme disent ces doctes messieurs, que peindre
« blet ».
— Oui, mais écoutons la voix « autorisée » de M. Vaux-
celles : Ces peintres de la salle 7 sont des théoriciens;
enfermés dans des formules étroites, ils jugulent leur sensi
bilité et ne nous offrent que de tristes pensums, de couleur
terreuse et de forme académique; je cours à la salle 2, chez
les coloristes; suivez-moi — et surtout n’allez pas à l’Aca
démie Lhote, mais à celle d’en face, etc... Ainsi par un
miraculeux tour de passe-passe, ce sont les peintres du
noir qui deviennent les coloristes, et les apôtres d’un art
conditionné par la sensation (je parle ici des exposants de
la salle 7), qui deviennent des académiques!
Comment voulez-vous que je m’attache sérieusement à