Volltext: 3(1921), décembre = No. 6 (6)

Le Salon d’Automne .est sans doute représentatif de l’état moyen de 
la peinture française, mais le fait que ni Picasso, ni Braque, ni Juan 
Gris, ni Derain, ni Matisse n’y exposent c.ette année, rend fort sus 
pectes les opinions de ceux d’entr.e mes confrères qui s’obstinent à 
rechercher des œuvres bien caractéristiques des tendances directrices 
de l’art contemporain, dans un Salon où brillent par leur absence ses 
principaux pionniers. La portée historique de la vente de la collection 
ayant appartenu à mon ami Henri Kann-Weiler, a une autre signifi 
cation et une autre portée historique que ces confrontations annuelles 
de la production moderne que l’on traite de Salons et qui ont perdu, 
à cause du nombre toujours croissant des expositions particulières, 
toute valeur réelle et toute raison d’être. Si je ne craignais de me faire 
prendre pour un méchant confrère, je me contenterais de sourire à 
l’idée qu’il existe encore des critiques qui demandent à la peinture 
de distraire .et d’égayer, tandis que les professionnels du rire offrent 
à un public, friand de joies faciles, des aliments d’une essence supé 
rieure à celle que ne pourraient lui dispenser nos humoristes les plus 
avertis. Sans doute l’art moderne est-il grave et austère, mais c’est 
dans les dernières œuvres cubistes de Picasso, dans les tableaux de 
Braque, de Gris, de Gleizes, de Lhote, de Marcoussis, d’Ozenfant et de 
Jeanner.et et dans les statues de Jacques Lipschitz et non dans les 
peintures, du reste honorables de la Salle 2, qu’il faut chercher les élé 
ments de cette austérité. Je n’élude pas les questions que vous me 
S osez, mais je refuse d’y répondre directement. Sans doute, le Salon 
'Automne m’ennuie-t-il, mais, n’en déplaise à cette presse quotidienne 
que vous honorez beaucoup en prenant en considération ses affirma 
tions toutes gratuites, la peinture française, celle dont l’apport plas 
tique vaut à notre art son rayonnement universel, est ailleurs que 
dans la Salle de 1’avenu.e d’Antin. Je me fais fort de prouver à tout audi 
teur de bonne foi que, dans les œuvres exécutées par Picasso et par 
Braque en 1908, sont contenus tous les éléments de cette prétendue 
renaissance de l’esprit constructif et classique dont les innombrables 
contrefacteurs du Salon d’Automne se disent les artisans. 
Nul, je pense, ne reprochera à Picasso, qu’on fit passer plus d’une 
fois pour un jongleur, sinon pour un plaisantin, de manquer d’humour. 
Et Picasso, à lui seul, n.e représente-t-il pas mieux la peinture moderne 
que tous les exposants de la Salle II réunis ? 
Il me paraît difficile de situer sur le même plan les œuvres des 
poèt.es et des musiciens mentionnés dans notre enquête, et les tableaux 
du Salon d’Automne. Les peintres cubistes sont, autant que je sache, 
les véritables amis, les illustrateurs et les seuls « correspondants » 
de Cocteau et de « Six ». Votre parallèle hypothétique ne résiste 
donc pas à l’épr.euve d’un examen précis. 
Si je souhaite que la poésie et la musique « épousent cette plasticité, 
cette mesure, cette discipline intérieure, qui sont les caractéristiques 
de la peinture d’aujourd’hui », de la peinture de Picasso, et de Gris 
s’entend, je vous envie de pouvoir découvrir de semblables vertus dans 
les œuvres exposées au Salon d’Automne. 
Waldemar George. 
* 
** 
Je conteste que la peinture, qui est un art immobile, soit la force 
animatrice des autres arts. Leur force animatrice, ch.erchez-la dans leurs 
réactions devant la vie extérieure et, rarement hélas, intérieure. Cette
	        
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