Volltext: 3(1921), décembre = No. 6 (6)

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vie est lutte, vitesse, danse, révolte. Je ne pense pas que, chez nous, 
elle détermine comme réactions : faiblesse, sommeil, chaise longue. 
Austérité, parfois; mais alors austérité puissante, dressée, souriante 
(puisque forte). 
Je crois que la poésie cherche la joie, l’harmonie de la joie. Elle 
a cassé la poésie d’hier parce qu’elle la sentait ennuyeuse ,et mélan 
colique. Elle n’est encore que devant les morceaux d’un puzzle coloré 
(coloré est une concession à la peinture opaque; je préférerais lumi 
neux). Je crois parce que je souhaite. L.es souhaits peuvent créer. La 
musique? Je ne sais pas. Il me semble que pour r.espirer largement 
elle a .encore besoin de casser des carreaux et de déménager par la 
fenêtre des bibelots qui encombrent son boudoir. 
Fernand Divoire. 
* 
** 
Il m’est difficile de répondre : la tristesse à laquelle vous faites 
allusion, je ne la vois pas. 
Deux peintres dominent la salle II du Salon d’Automne : Dunoyer 
de Segonzac et Jean Marchand. Si leurs tableaux sont tristes, ils doivent 
inspirer de la tristesse à qui les regarde. Or, ils ne me donnent que de 
la joie... 
Peinture austère? Déjà, pour Jean Marchand, on pourrait discuter 
cet adjectif. Mais, pour Segonzac? Il n’est pas une peinture qui soit 
plus nuancée, plus voluptueuse, plus riche que la sienne. Je ne conteste 
pas d’ailleurs le mot d^austérite. Il est admissible à condition de ne 
pas trop généraliser. 
A dire vrai, je crains qu’on confonde tristesse avec gravité. Dans 
son ensemble, notre peinture contemporaine t.end vers la noblesse et 
la gravité et veut s’exprimer sobrement. Elle s’oppose à une peinture 
plus claire, celle des aînés. 
Mais une remarque générale s’impose. Ces aînés — nous restons 
parmi les vivants, n’est-ce pas? — dans leurs tableaux qui remontent à 
quinze ou vingt ans, n’employaient-ils pas une gamme plus sombre 
que celle qui leur est familière aujourd’hui? 
Je reste donc sur la note : gravité et noblesse. Elle répond à un 
besoin si général parmi nous, elle adapte si bien « plasticité, mesure 
et discipline » qu’on la trouvera dans les autres exprsssions d’art, 
n’en doutons pas. 
Et, si l’on veut voir dans les œuvres peintes « de l’humour, du pit 
toresque, de la fantaisie, du chatoiement », il n’est pas malaisé d’en 
trouver : de certains membres de l’Institut aux Dadaïstes, la route n’est 
pas longue et elle possède des relais à chaque pas! 
René Jean. 
* 
** 
J.e me permets de contester qu’il y ait des tendances très sensibles 
parmi les jeunes. Il existe une sorte de discipline intellectuelle qui 
donne à l’ensemble du Salon d’Automne une apparence de tenue et 
un respect « sérieux », morne. Ce sont ouvrages d’écoliers obéissants; 
de goût certes supérieur à celui des générations précédentes! Presque 
toutes les toiles sont inspirées des musées, comme celles de M. Derain.
	        
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