Volltext: 3(1921), décembre = No. 6 (6)

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musique pertinente font illusion. Nina Payne a eu la coquet 
terie — ou le mauvais goût — de ne rien négliger pour 
nous déplaire. Elle s’entoure d’un appareil qui serait com 
promettant pour toute autre qu’elle. Son premier numéro : 
Black and White ne dépasse pas la médiocrité d’une quel 
conque exhibition de music-hall. Je dirais même qu’il n’y 
atteint pas, pour avoir voulu viser plus haut. Mais lors 
qu’elle apparaît en Egyptienne, toutes raisons de nous irri 
ter s’évanouissent. Le ridicule du costume est escamoté par 
l’arabesque d’un mouvement des bras. Mécaniquement, 
notre réceptivité élague ce qui n’est pas l’essentiel et le décor 
tombe comme une branche morte. L’exotisme, le côté 
« Nil » se perdent dans la frénésie du rythme, dans l’agres 
sive et géométrique beauté des gestes. Cléopâtre a rejoint 
Broadway. 
Définir cet art? Les deux extrêmes qui se touchent, une 
alliance de jaune et de bleu qui aboutit à un vert retentis 
sant, — l’équilibre qui résulte de la science et de la fantai 
sie de Nina Payne n’est pas autrement explicable. Au lieu 
de s’égarer dans cette systématisation naïve — raideur, sac 
cades, mécanique — qu’une sorte de faux-cubisme plas 
tique a mis à la mode, Nina Payne arrondit les angles et 
n’en garde pas moins leur relief à ses mouvements. Il se 
dégage de sa danse une sorte d’aisance mathématique, 
d’abandon rigide. Elle accommode l’invention la plus capri 
cieuse et la plus souriante d’une exacte et féroce mise au 
point. Ses gestes, d’une grâce incroyable, sont des signes à 
quoi nous reconnaissons tous les visages de notre vie, 
de même qu’un télégramme chiffré — pour qui sait le lire — 
peut contenir le plus beau sonnet du monde. 
Dans le numéro intitulé : la Femme de 1950 et dans les 
danses supplémentaires l’orchestre des Billy Arnhold lui 
apporte le prestige d’une collaboration on ne peut plus com 
préhensive et mieux concertée. Chaque note sait à quoi elle 
veut atteindre et va au but avec la même justesse précise 
que les gestes de la danseuse. Et lorsque, vers la fin, l’acro-
	        
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