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musique pertinente font illusion. Nina Payne a eu la coquet
terie — ou le mauvais goût — de ne rien négliger pour
nous déplaire. Elle s’entoure d’un appareil qui serait com
promettant pour toute autre qu’elle. Son premier numéro :
Black and White ne dépasse pas la médiocrité d’une quel
conque exhibition de music-hall. Je dirais même qu’il n’y
atteint pas, pour avoir voulu viser plus haut. Mais lors
qu’elle apparaît en Egyptienne, toutes raisons de nous irri
ter s’évanouissent. Le ridicule du costume est escamoté par
l’arabesque d’un mouvement des bras. Mécaniquement,
notre réceptivité élague ce qui n’est pas l’essentiel et le décor
tombe comme une branche morte. L’exotisme, le côté
« Nil » se perdent dans la frénésie du rythme, dans l’agres
sive et géométrique beauté des gestes. Cléopâtre a rejoint
Broadway.
Définir cet art? Les deux extrêmes qui se touchent, une
alliance de jaune et de bleu qui aboutit à un vert retentis
sant, — l’équilibre qui résulte de la science et de la fantai
sie de Nina Payne n’est pas autrement explicable. Au lieu
de s’égarer dans cette systématisation naïve — raideur, sac
cades, mécanique — qu’une sorte de faux-cubisme plas
tique a mis à la mode, Nina Payne arrondit les angles et
n’en garde pas moins leur relief à ses mouvements. Il se
dégage de sa danse une sorte d’aisance mathématique,
d’abandon rigide. Elle accommode l’invention la plus capri
cieuse et la plus souriante d’une exacte et féroce mise au
point. Ses gestes, d’une grâce incroyable, sont des signes à
quoi nous reconnaissons tous les visages de notre vie,
de même qu’un télégramme chiffré — pour qui sait le lire —
peut contenir le plus beau sonnet du monde.
Dans le numéro intitulé : la Femme de 1950 et dans les
danses supplémentaires l’orchestre des Billy Arnhold lui
apporte le prestige d’une collaboration on ne peut plus com
préhensive et mieux concertée. Chaque note sait à quoi elle
veut atteindre et va au but avec la même justesse précise
que les gestes de la danseuse. Et lorsque, vers la fin, l’acro-