Volltext: Numéro 12 = 1921, Mars (12)

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ÇA IRA ! 
L’auberge de la Faisanderie, isolée sur les chaumes des crêtes, avec 
le faisan sur l’enseigne, o 
balbutiements des amours d’enfance, souvenirs qui au fond de notre 
chair et à notre insu toujours saignent ! 
Mon père, ma mère, et tous ces autres morts qui n’ont jamais respiré 
qu’en moi, - 
ces mots mal morts, vous tous, mes enfantins et mes secrets émois ! 
Par ces soirs de décembre et de Saint-Nicolas 
où les enfants mettent leurs sabots au clair de l’âtre, 
là-bas dans mon pays — ah ! ces soirs là, 
je sens mieux mon exil et mon mal de pays. , 
O mon enfance illuminée, ces matins, de joie ébahie ! 
Il n’y a pas ici la neige de là-bas à perte de vue sur nos plaines. 
Où est-il, le Saint-Nicolas de ma Lorraine ? 
sa clochette qui tinte dans le soir et dans le silence de la neige 
et chante, miraculeuse, au fond de mon jeune âge ? 
La patrie, c’est l’enfance. La patrie, c’est cela : 
cette neige, ces soirs de la Saint-Nicolas. 
Le reste, se sont des mots sonores et subtils. 
La patrie, c’est l’enfance ; la vie en est l’exil. 
Patrie toujours trouvable, paradis à jamais perdu ! 
On peut revenir au pays, mais ces choses ne sont point rendues. 
Alors, si l'on veut vivre, il faut faire de la vie, 
de la vie et du monde une seconde patrie. 
Et le monde est si beau et la vie est si grande 
qu’on peut bien les aimer, aimer, éperdûment ! 
Mais la première patrie, la clochette de légende, 
Comme les cloches de la ville d’Is, tinte très doux, 
Tinte engloutie, tinte sans fin, au fond de nous. 
(Du “Miracle de Vivre,,) 
L. CHARLES-BAUDOUIN.
	        
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