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Celle qui viendra demain
Avec quelle âme l’accueillerai-je ?
J’ai mis dans un vase une branche de sapin
Et quelques fruits sur une coupe.
C’est l’automne.
Il ne faudra pas qu’elle s’étonne
De voir mon baiser s’arrêter parfois,
Et de me voir parfois soupirer dans mon baiser.
C’est l’automne, mais
Je serai bien content d’avoir auprès de moi,
Auprès de ma main, auprès de mes lèvres,
Tes deux seins menus et venus de si loin.
Car, ce soir doré et mièvre comme un abricot,
Je sens en moi l’anxiété
de toutes les amoureuses attentes du monde.
Marcel ARLAND.
Céline Arnauld
Céline Arnauld apporte dans la poésie moderne un délicat
tempérament féminin. Sa poésie jaillit de source comme une
eau fraîche.
Dans les “ Poèmes à Claires Voies „ Céline Arnauld s’égare
avec volubilité sur les sentiers inconnus de l’absurde. Elle y
recueille une poésie blanche comme un pommier d’avril. Le
lyrisme de Céline Arnauld respire une jeune allégresse. C’est
fini de chercher la vérité au fond d’un puits desséché. Les
poètes lui ont appris le vol lumineux des mots et elle mène
les idées comme une ronde de petits enfants insouciants et
gais “ On comprend tout à l’envers, dit elle, et c’est mieux „
Les formes de la poésie moderne se prêtent aux multiples
ressources de la sensibilité féminine. C’est un matin clair
pour le cœur de la femme.
“ Des bras de fillettes demeurent suspendus
Au cou de la lumière. „
Céline Arnauld s’est débarrassée des tendresses romantiques.
M me Desborde Vaîmore fut, elle aussi, un poète maudit. La poésie
d’aujourd’hui demande à ses adeptes un cœur nouveau, un cœur
“ trempé à la chaux „.