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vent les médiocres des comités végétariens ou du soviet Duncan
se contente mal de l’individu.
Pourtant, de quelle honnêteté René payait les libertaires,
ceux-ci le pouvaient voir avec le Pal.
Le Pal, un pamphlet qu’avaient fondé Marcel Say, du Bief et
René, non pas dans la tradition du Père Duchéne, mais mieux
un dissolvant à l’aide de q uoi éprouver les consciences. (Définition
proposée par René). Les consciences ne résistèrent pas à l’expé
rience première.
Des pages qu’Edme publia sur l’art, la femme, l’orgueil,
valent d’être recueillies ainsi que les “ Placets pour me consoler
d’être dieu.,,
Cependant le mal dont se mourait René le gagnait chaque
jour un peu plus. Les soins dontsa famille l’entourait ne suffisaient
plus. René partit à Bayeux où le reçut André du Bief.
C’est de Bayeux qu’il m’écrivait :
“ Les gens de Montparnasse et autres n’ont qu’une idée
depuis leurs 1 5 ans, cela prouve la vitalité de leur esprit, pour ma
part je commence à les avoir toutes épousées — les idées sont des
chiens, on doit les tenir en laisse pour notre délassement —
l’homme fort tient l’idée et ne se laisse pas tenir.»,
Et encore :
“ Nous bâtissons des systèmes pour gagner notre vie, c’est un
peu plus triste que de faire ça par générosité, mais c’est
beaucoup moins bête.
“ Les libertaires ne sont au fond que des mauvais caractères, des
impuissants, des paresseux, du corps ça n’a pas d’importance,
mais de l’esprit : on ne se sort pas de l’enlisante misère par des
bris de carreaux.
“ On n’est révolté que quand on est soumis ; la critique et la
contradiction sont là pour te donner l’illusion de la liberté.
“ Maçonne des systèmes, les idées sont féminines puis
qu’elles sont incapables de faire des héros. Elles ont le sort qu’elles
méritent.
“ Le contraire est un crime et la sincérité un suicide : garde
ta sagesse pour plus tard ; tu seras bien content de l’avoir laissé,
reposée, ne serait-ce que par goût du changement. Sans cela tu
serais capable d’être fou, à l’heure de la vieillesse légale et raison
nable.
“ Il me revient cette phrase magnifique de regret et de