35
C’est à peu près la même expression d’autres
philosophes en Allemagne et partout où j’ai
expliqué les mêmes théories. « C’est beau, mais
irréalisable. »
Et pourquoi ce serait-il irréalisable ?
Je réponds ici les mêmes phrases avec les
quelles je finissais ma conférence au groupe
d’Êtudes Philosophiques et Scientifiques du
docteur Allendy, à Paris, en janvier 1922 :
« Si l’homme a soumis à lui les trois règnes de
la nature, le règne minéral, le végétal et l’ani
mal, pour quelle raison lui serait-il impossible
d’ajouter aux règnes du monde, son règne à
lui, le règne de ses créations? »
Il a déjà inventé toute une faune nouvelle qui
marche, qui vole, qui nage, qui remplit la terre
l’air et les mers de ses galops effrénés, de ses
cris et de ses gémissements.
Ce qui a été réalisé dans la mécanique l’a été
de même dans la poésie. Je vous dirai ce que j’en
tends par poème créé. C’est un poème dans lequel
chaque partie constitutive et tout l’ensemble
présente un fait nouveau, indépendant du
monde externe détaché de toute réalité autre
que lui-même, car il prend sa place dans le
monde comme un phénomène particulier à
part et différent des autres phénomènes.
Ce poème est une chose qui ne peut pas exister