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dans le réalisme. Les horizons ne sont pas
carrés, alors l’auteur présente ici une chose
créée par lui (1).
Voici comment j’expliquai mon titre « Hori
zon Carré » dans une lettre au critique et ami
Thomas Chazal à l’époque de la publication
du livre :
« Horizon carré. Un lait nouveau inventé
par moi, créé par moi, qui ne pourrait pas
exister sans moi. Je veux, mon cher ami,
englober dans ce titre tout mon esthétique que
vous connaissez déjà depuis quelque temps. »
Ce titre explique toute la base de ma théorie
poétique. Il a condensé en lui l’essence de mes
principes.
1° Humaniser les choses. Tout ce qui passe à
travers l’organisme du poète doit prendre la
plus grande quantité de sa chaleur. Ici une chose
vaste, énorme comme l’horizon, s’humanise
devient intime, filiale avec l’adjectif carré.
L’infini rentre dans le nid de notre cœur.
2° Le vague devient précis. En fermant les
fenêtres de hotre âme, ce qui pouvait s’échapper
(1) Le poète de la lucarne ovale et moi nous sommes
les pôles opposés, il est tel (pie Piccasso l’a dit dans
le journal « Comœdia », il y a quelques mois, un
peintre né, moi au contraire, je suis l’anti-peintre
par excellence, je ne suis qu’un humble poète.