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Qui brame notre amour, barque désemparée,
J’entraîne en trémoli ma plainte de ténor,
En des notes d’airain sous la voûte éthérée,
O ma reine divine, ô mon très pur trésor
Pour t’éveiller, râlant, par Eros dévorée.
O nuit splendide, ô nuit plus belle que le jour.
Dis les douces chansons d’Hoffmann souples
[et calmes,
O nuit d’amour, ô nuit où la haute colline
Luit de l’argent divin de ton joyeux tambour
O lune où mon Pierrot va rouler en sourdine
Ses désirs avivés par ta main séraphine. »
Sauf de très rares exceptions, la poésie des
fous ne nous présente rien de très intéressant.
On dirait que leurs poèmes sont faits de frag
ments de souvenirs d’autres poèmes, d’échos
confus et mélangés de toutes les anthologies.
Régis cite quelques strophes un peu moins
banales :
« Ils affirment que je suis fou
J’avais un rat dans la cervelle
Mais il est rentré dans son trou
Sans avoir besoin d’une échelle.
Saint Baudelaire, mon patron,
Tu sais que j’ai dans un clystère