Volltext: Integral : revista de sinteza moderna : organ al miscarei moderne din tara si strainatate (6/7)

Sculpture 
Galerie Vavin-Raspail Manus 
pârtie de son corps ? Elle cree, mais ce qu’elle cree, c’est 
moins une robe, une echarpe, qu’une nouvelle creature 
l’on croirait qu’elle prend de je ne sais quelle armo'ire 
mysterieuse Ies parures destinees â telle ou teile; d’ou 
certaine noblesse et cette aisance surtout. 
Les grandes epoques n’ont jamais ete celles des haillons, 
ni celle des fanfreluches d’ailleurs; avant la guerre il y 
avait un mot abominable qu’on employait souvent, trop 
souvent: CIIICHI; un deşir d'ampleur nous donne aujour- 
d’hui la haine des inutiles details et de leur sottise ; l’amour 
de vivre (]ui prouve, somme toute, que malgre certaines 
tentatives et des impatiences parfois un peu frenetîques 
nous sommesbien portants, s’accommode mal de chichis ; 
tousen conviennent; îl y a lâentente theorique. Le malheur 
est que trop attentifs â la politique, absorbes par des 
queştions d’ecole, ceux qui nous avaient fait de grandes 
prommesses ne les ont point encore realisâes ; peut-etre 
estice qu'en depit de bon vouloir manquait le sens du 
respect, ce sens du respect qu’un seul invoqua lors du 
proces Earres; or, Sonia DELAUNAY a le sens du respect. 
Ce qu’elle respecte? la belle sânte, 
la lumiere, la simplicite ; vous voyez 
alors qu’elle deteste les poses mor- 
bides; l’humidite, les complications ; 
ce qu’elle fait estraisonnablc ; je l’a- 
ffirme, prenant le mot raisonnable 
dans ce qu’il a de plus noble. So 
nia DELAUNAY a connu bien des 
artistes, poetes, pcintres, sculpteurs. 
Elle a vu bien des mouvements se 
former, des ecoles se creer; elle 
les a aimes, discutes, combattus . 
jamais elle ne les â simplement et 
tout bonnement acceptcs. c est qu’- 
ellc ne pouvait qu’obeir â sa loi se 
crete, â son rytme interieur. Encore 
une fois, jamais il ne s’est agi pour 
elle d’illustrer une theorie, de rcali- 
ser les pretentieuses promesses d’un groupe ou d’un autre, 
Ses intentions alors, me direz-vous ? Elle n’en a pas, n’en 
a jamais eu, ou plutot n’en a qu’une seule, n’en a jamais 
qu’une seule! Travailler pour son plaisir et ne pas songer 
a flatter ni â scandaliser le r public ; d’ou son indepen- 
dance et son unite dans la cieation ; elle a le gout de la 
couleur et non le gout desordonne des couleurs; les vio» 
lenees inutiles ne lui font point perdre son temps; par 
exemple, elle imagine un sac; pour obtenir lharnionie de 
finitive il lui faut miile teintes ; or, ces teintes, elle les 
cueille en verite aussi facilement que les simples fleurs 
d'un jardin qui serait bien â elle, â elle seule ; et parce- 
qu’elie ne demande p2s son avis au voisin, son sac a l’air 
d’une chose, d’un etre tout naturel, d’une pierre precieuse 
ou d’un animal, niettons d’un scarabee: elle vous l’apporte 
dans ses paumes, et vous avez envie de le caresser, de le 
flatter, de lui parler; n’est-ce point lâ exactement ce qu’on 
appelle faire de la vie ? 
Nous en avons assez des lits ou l’on n’a pas envie de faire 
l’amour, des salles â manger oii l’on perd l’appetit, des 
fauteuils ou l’on ne peut s’asseoir; il faut remercier Sonia 
DELAUNAY de ses robes que nous voudrions offrir aux 
corps les plus chers pour nous consoler de ne point tou- 
jours les avoir adorablement nus aupres de nous; il lăut 
remercier plusieurs fois Sonia DELAUNAY car elle ne se 
contente pas de faire c hanter autour des femmes les etoffes» 
les echarpes; elle a dessine de tres 
beaux meubles, je veux surtout me 
rappeler une grande table carree, 
on ne peux plus simple de forme 
et plus parfaite de proportion; qu’elle 
m’excuse si je n’en sais point parler 
comme un peintre des couleurs, un 
poete des vers; je veux encore la 
remercier d’avoir supprimelc prejuge 
hierarchique, d’aimer sulfisamment 
la vie, la vie magnifique, pour nous 
offrir des chefs d’oeuvre qui embe- 
lliront nos gestes quolidiens. Sonia 
DELAUNAY a beacoup travaille, 
depuis le jour ou Apollinaire dans 
la „Femme Assise“ la felicitait 
ainsi que son mari de vouloir re- 
nover le costume ; mais elle n’a pa s 
commis l'erreur de qucter l'approbation de quelciues es- 
thetes ; elle n’a point pense â Montparnasse, aux petits 
cenacles, elle va vers la foule; je 1 affirme, la loule 
insensible. 
Rene Crevel 
Manteau de Sonia Delauney
	        
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