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L’OEUF DUR
MAX JACOB
Les deux arbres
A Jean Dubufjet.
Fumée, monstre d'argent sur un ciel bicolore
et des pleurs de soleil dans les nues qui l'adorent.
Arbres scellés au firmament
l’un ocellé quand l’autre oscille
ils ont la forme des anguilles
ils ont la forme de mon tourment
ils ont la forme d’une offrande
bouquets en tête et le corps vert paré
suppliant Dieu que l’on me rende
mes fertiles journées et mes nuits bucoliques.
Armures d’or, blés de nos plaines
que reflétiez-vous auprès d’eux
lorsque la Loire a ses vitrines pleines
du soleil qui la cache et qu’elle rend à Dieu ?
Mais aujourd’hui devant qu’il neige
un ciel sans amour est tassé
sur mes arbres cadenassés
et sur la terre dure aux bêches.
Brouillards complotent l’amaurose
de ce qui meurt au bord des bois.