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L’ŒUF DUR
U
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— Un atlas ouvrait pour mes pas
Des couleurs, des mots, des appas.
Je m’enfonçai dans ce voyage.
J’en reviens : c’était un pays
Où je mourais à chaque page
Sur mes sens, éventail plié.
J’errais dans les pages d’un Livre.
Passivité î mais puis-je suivre
Dans ses détours rébarbatifs.
La foi faite à l’imprimerie
Quand de toute ma songerie
Je suis l’esclave et le captif?
Alors s'accroît de forts désirs
L’élancement d’une jeunesse;
Neuf jaillissement de plaisirs
Il éclate et rompt toute armure.
La source se révèle pure
Et sevrée des roses tendresses !
Nature, miroir d’apparences 1
Nature, ô ma mère rieuse,
Laisse-moi suivre ta cadence !
Laisse croître mes champs, mes herbes,
Mes fleurs ; faucher ma folle gerbe,
Folle î... Terreur délicieuse 1
Pages ce jour tout envolées î
Je vois dans les heures volées
Au pur travail de mon esprit
Votre noirceur qui se déploie !
Si je suis faible, si je ploie,
Ah, c’est que vous m’avez tout pris.