L’ŒUF DUR — 15
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La bête prise
Les drapeaux dérouillés par le vent
Les étoiles éteintes sous la mousse
Les traces de pas des passants
Les fuites entraînées
Les bêtes peureuses
Et les cris les lueurs de sang dans la campagne rousse
L’automne chassé par l’Eté
Sur la piste des neiges desséchées
sur le tapis du ciel secoué
les mains prises
Sur la tête du paysan incliné
sur le sillon cicatrisé l’hiver dernier
sur la lucarne du pavillon
Et sur le balcon de la lune
Toutes les armes
les bretelles
les cuivres
Et les menaces avortées
La fatigue du temps aux genouillères grises
Une croix d’un bout du cimetière à l’horizon
Un chemin détourné perdu dans les épines
Un œil qui guette aux fentes du volet
Une voix qui chante sans ailes
Et sous les plis trop lourds du nuage emporté
La voile toute neuve
Le soleil
L’étincelle