Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

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ÇA IRA ! 
NOTULES 
Le Salon triennal 
Voici donc la première grande manifestation 
d’art organisée en Belgique depuis la guerre. 
Six ans nous séparent du dernier Salon triennal, 
qui eut lieu à Bruxelles en 1914, et depuis lors 
aucune exposition d’ensemble n’est venue nous 
renseigner sur l'évolution subie par notre école 
de peinture' On pouvait donc s’attendre à ce 
que le Salon de cette année fût une véritable 
révélation et nous donnât un témoignage précis 
des crises fécondes que traversèrent les 
meilleurs de nos artistes durant les années de 
guerre, ainsi que des résultats dès à présent 
réalisés. 
A Paris, le Salon d’Automne et, mieux 
encore, le Salon des Indépendants affirmèrent 
cet hiver la belle et définitive renaissance de la 
peinture française. Le cubisme et l’expression 
nisme y triomphèrent et tout le monde fut 
unanime à constater que le nouvel art plastique 
avait enfin réalisé une partie de ses promesses 
et que grâce à lui un style nouveau est né. La 
grande presse elle-même abandonna ses habi 
tuels sarcasmes à l'égard des “ fauves „ et des 
cubistes et s'efforça avec beaucoup de bonne 
volonté — sinon toujours avec compétence — 
de commenter et d’expliquer leurs oeuvres. 
Tout donnait donc le droit d’espérer qu’il 
en serait également ainsi chez nous et que nous 
pourrions enfin être à même de constater la 
part prise par nos peintres dans cet universel 
mouvement de régénération. 
Aussi, quel effarement lorsque nous eûmes 
vainement parcouru les différentes salles de 
l’exposition sans avoir pu y découvrir une seule 
toile vraiment représentative des tendances 
actuelles de l'art pictural. Certes, nous n’es 
comptions point voir les cimaises entièrement 
épurées de tout vestige impressionniste ; nous 
ne le souhaitions même pas, car nous savons 
que chaque période de l’évolution artistique 
comporte des retardataires et des précurseurs 
et il est logique qu’à une exposition d’ensemble 
les deux attitudes soient représentées — ne 
fut-ce que pour permettre d’édifiantes compa 
raisons... Cependant, nous étions loin de prévoir 
cette morne exhibition d’œuvres dont la grande 
masse nous reporte à quinze ans en arrière, 
Comme rétrospective de l’art impressionniste 
et post-impressioniste en Belgique, un assem 
blage de cette qualité eut pu présenter quelque 
intérêt ; ici le spectateur est malheureusement 
trop affecté de savoir que toutes ces toiles ont 
été peintes au cours de ces derniers mois et ne 
Sont pour la plupart que de vaines et médiocres 
redites. 
La raison de cette complète absence de toute 
œuvre expressionniste ne doit cependant pas 
être cherchée fort loin : aucune peinture de ce 
genre n’a été soumise au Jury d’Admission. Nos 
jeunes artistes ayant constaté que celui-ci com 
prenait M. Deckers, fabriquant mielleux de 
marbres-fondants, M. Jan De Graef, le dernier 
des romantiques, et MM. Hens et Opsomer, pa 
triotes brevetés et ennemis notoires de toute ten 
dance subsersive y compris le “ bolchévisme pic 
tural „, jugèrent superflu d’envoyer leurs toiles 
à la Salle des Fêtes pour le seul plaisir de pouvoir 
les retrimballer chez eux après le verdict. 
Celui-ci était connu d’avance et jamais aucun 
de ces Messieurs n’aurait accepté la responsa 
bilité de l’introduction scandaleuse de cet art 
révolutionnaire dans un Salon officiel. Aussi 
nos amis se contentèrent-ils d’envoyer quelques 
peintures datant de plusieurs années et dont
	        
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