Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

ÇA IRA ! 
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nouveau et qui l’aient exprimé dans leur 
œuvre, poussés par une irrésistible néces 
sité. Les autres n’ont fait qu’emprunter 
à l’expressionnisme quelques-unes de 
ses innovations techniques, sans par 
venir à s’en assimiler l’esprit. Dans le 
fond, ils sont restés des impressionnistes 
authentiques, choisissant leurs sujets au 
hasard dans la réalité qui les entoure et 
les reproduisant fidèlement quant à leur 
aspect général, dont ils se contentent 
de détruire plus ou moins les apparences 
linéaires. Ils parviennent ainsi à donner 
à leurs toiles un semblant de modernité 
qui leur est un suffisant sujet de satisfac 
tion. Le pointillisme des néo-impres 
sionnistes, ils l’ont remplacé par une 
décomposition en de nombreux plans 
limités par des contours rigides et 
recouverts de couleurs simples, formule 
tout aussi conventionnelle si elle est 
adoptée uniquement pour donner le 
change et masquer une complète absence 
de conception neuve. Ce qui manque à 
ces faux expressionnistes, c'est la pierre 
angulaire du nouvel art plastique, la 
forte vie intérieure, à côté de laquelle 
la virtuosité et le talent ne sont que des 
moyens d’une importance secondaire. 
Malgré cette différence essentielle 
dans la conception qui sépare les deux 
formes de l'expressionnisme, l'opinion 
commune les confond cependant, dans 
une complète méconnaissance de leurs 
buts respectifs : dans les deux tendances 
elle se contente de voir un art unique, 
qui s’est plus ou moins dégagé de la 
tyrannique soumission à la nature pour 
atteindre plus facilement à l’équilibre et 
à l’harmonie plastiques. C’est cette 
appréciation sommaire qui est également 
cause de ce que l’on a accusé l’expres 
sionnisme de n’avoir que des qualités 
exclusivement décoratives. Jugement 
injuste s’il en fut et qu’il est regrettable 
de voir partager non seulement par le 
public intelligent, mais également par 
ceux qui font profession de l'éclairer, 
les critiques d’art. Et ici nous ne parlons 
évidemment que des plus lucides et des 
plus sincères d'entr’eux, ceux qui se 
refusent à ne voir dans l'art nouveau 
qu'une mystification et qui daignent 
l’examiner avec loyauté et bienveillance. 
Hélas, malgré leur bonne foi, ils ne font 
qu’accroître la confusion en essayant de 
prétendre que ce faux expressionnisme, 
dont nous avons dénoncé le vide et qui 
a hérité des pires tares impressionnistes, 
constitue un progrès sur l’autre, le vrai, 
et en est l’aboutissement logique et 
supérieur. De plus, pour mieux opposer 
les deux formules, ils ont pris la coutume 
arbitraire de n’appliquer le vocable 
“expressionnisme,, qu’à cet impression 
nisme camouflé qu’ils défendent, tout 
en traitant le véritable art expression 
niste de “cubisme théorique et abstrait,,. 
C’est ce que fait entre autres André 
De Ridder, dans la brochure qu’il a 
consacrée au peintre français Le Fau 
connier et également dans les articles 
qu’il publie actuellement dans L'Art 
Libre sur Gustave De Smet. De Ridder, 
au cours de pages enthousiastes, pro 
clame ces deux artistes grand maîtres 
du mouvement expressionniste, et cela 
précisément parce qu’ils revinrent à la 
nature, qu’ils se contentèrent de “ sty 
liser „ — pour ne pas encourir le reproche 
de la reproduire servilement. Au lieu de 
partir d'un concept, comme le firent les 
cubistes, ils adoptèrent à nouveau la 
méthode impressionniste en partant
	        
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