ÇA IRA !
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Somme toute, malgré les lancunes que nous
avons relevées, cet ouvrage reste intéressant,
parce qu’il analyse à peu près toute l’école
française moderne, qui est pour ainsi dire
entièrement issue du Salon des Indépendants.
C’est pourquoi, celui-ci, à l’encontre du Salon
d’Automne, est toujours resté “ le vrai jeune
Salon „ témoignant depuis plus de trente cinq
années de l’extraordinaire vitalité de la jeune
peinture française. G.M.
*
* *
Charles Guérin, vingt-six reproductions
précédées d’une étude critique par Tristan L.
Klingsor (Nouvelle Revue Française).
Voici probablement parmi les peintres
nouveaux auxquels la “ Nouvelle Revue Fran
çaise ,, consacre une série de petits volumes
fort joliment présentés, un de ceux qui sont
restés les plus fidèlement attachés à la tradition.
Dans la majeure partie de son œuvre, Charles
Guérin s’est appliqué à observer scrupuleuse
ment la nature et à en reproduire avec loyauté
les divers aspects. Doué d’un habile métier
pictural, il a réalisé ainsi toute une série de
portraits, de natures mortes et de nus, dont les
reproductions publiées dans cette brochure
attestent les solides qualités. Cependant, malgré
la sûreté du dessin, l’harmonie de la composi
tion et l’habilité de la facture, ces toiles ne sont
pas exemptes d’une certaine sécheresse. C’est
pourquoi nous leur préférons l’autre partie de
l’œuvre de Guérin, où il se fait le peintre de
l’imaginaire et dispose de gracieuses silhouettes
surannées dans un décor de parc. Ces brillan
tes fantaises, probablement destinées dans
l’esprit de l’artiste à n’être qu’un jeu de peintre,
constituent, à notre avis, son meilleur titre de
gloire.
Tristan Klingsor a écrit pour ce petit recueil
une consciencieuse étude dans laquelle il
dégage clairement les différents aspects de ce
beau talent. G.M.
Échos
Le centième anniversaire de Multatuli. — La
Néélerlande a fêté le centième anniversaire de Multa
tuli. Des officiels, des académies, voires des “courtiers
en café „ ont ajouté leur discours à l’hommage des
artistes et des lettrés. Une statue lui sera dressée, et
l’on a dit sa gloire, car il est mort. On ne parla pas
de l’œuvre ; cette œuvre, Max Havelaar, Ideën, fut
un exemple de probité morale et de courageuse
vérité : elle fut un acte de justice et l’expression d’un
esprit indépendant. On insista sur la vie difficile de
l’écrivain, on contera mille anecdotes, et les peuplades
Javanaises — tous les esclaves — dont Multatuli fut
le génial défenseur, sombrèrent dans la fournée
d’éloges.... Nous admirons Multatuli ; s’il fut contra
dictoire, s’il fut une âme aigrie par le mal, et s’il ne
découvrit la paix définitive que dans la mort, il fut
surtout un homme sincère. N’eut-il eu jamais son
style, n’eut-il jamais écrit les belles pages que nous
lui devons, son labeur demeurerait un acte social
dont l’avenir pariera avec joie et respect. W.K.
* * *
Manifestation Georges Eekhoud. — Au théâtre
lyrique de Schaerbeek, a eu lieu une imposante mani
festation en l’honneur du maître Georges Eekhoud.
Nous n’ajouterons rien aux discours prononcés, à
cette occasion, par Pierre Broodcoorens, Herman
van Puymbroek et d’autres ; ils ont dit assez l’admi
ration que la jeunesse littéraire a pour l’auteur de la
Nouvelle Carthage. Nous félicitons G. Eekhoud, et
l’estimons pour son grand cœur et son esprit. Nous
biâmons ceux qui lui en ont Voulu d’être l’ami des
pauvres, et un indépendant. W.K.
Revue des Revues
Lumière (Anvers) n os 8 et 9. — Une page de Roger
Avermaete sur la question flamande. Contes de notre
ami René Vaes, qui a un joli talent et un esprit curieux.
Vers de Bob Claessens et Louis de Gonzague Frick.
Georges Pioch et Charles Plisnier émettent quelques
idées sur le théâtre. Renée Duman y continue ses
adroits ex-votos et brise une lance en faveur de
Monsieur Caillaux. Quelques considérations de Théo
van Doesburg sur l’architecture d’aujourd’hui.
“ Lumière „ a de la bonne volonté, et cela est un titre.