Volltext: Ça ira (2 = 1920, mai)

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ÇA IRA ! 
Et je tâte, sans arrière marche, 
blessant mes doigts 
aux coins de marbre, aux clous de fer, 
J’approche, hurrah I [aux barricades. 
Je trébuche. 
Mes os brisés, mes nerfs meurtris, mon 
mon corps raidi [cœur miné ; 
craque ! 
Mais j’atteins la fenêtre voilée ; 
et la clarté 
m'inonde. 
III. 
On dit que tu ne m’aimes pas. [rôles. 
Mon être a fort senti le coup de ces pa- 
On me l’a dit. Je n’ai pas répondu, 
le mal est si subit 
que je ne réponds pas à ce qu'on dit. 
Or, les bouches sont closes ; 
le son des voix m’envahit mieux, 
et je mâche ma misère 
interminablement. 
Je contemple ma vie immobile. 
J’arrête ma vie, 
et je perçois mon corps dans le chaos, 
distinctement. 
Je vois tous mes atomes recueillis ; 
je vois le sang caillé dans mes artères ; 
mes yeux, mes bras, mes organes 
sont absorbés 
par la plongée de ces paroles 
dans mon cœur. 
Tu sais combien je suis sensible. 
Tu sais aussi combien je t'aime 
et tu sauras, si tu respectes mes pro- 
combien ce mot brutal [messes, 
me fait mal. 
IV. 
On a coupé les branches de mes bois. 
Nous ne méditerons plus à leur ombre ; 
nous chercherons les plaines rousses 
et le soleil caniculaire. 
L’infini des nuages, des villes, de l’eâu, 
le feu, 
par bonds tumultueux, 
rongeant les cieux, [dins. 
succéderont au charme simple des jar- 
Willy KONINCKX. 
Chez James Ensor 
A deux pas de la mer, au fond d’un 
magasin de bibelots, un escalier obscur 
aboutissant à un couloir plus sombre 
encore, mène à l’atelier de James Ensor. 
Le cœur me bat pendant que je monte 
les marches. Une indicible angoisse 
m'étreint à l’approche de celui qui, tant 
de fois, suscita en moi une admiration 
fervente. 
Une porte s’ouvre. La haute silhouette 
noire du maître se dresse sur le seuil. 
L’accueil est bienveillant. 
Dans la vaste chambre du second 
étage, transformée en un merveilleux 
atelier, je m’abandonne à la joie de con 
templer pieusement cette aristocratique 
figure. 
Des imaginations trop éprises de 
romantisme, ont dépeint le maître vieilli 
et misérable, vivant en avare, sans feu 
ni lumière, au milieu de ses toiles. Une 
légende s’est accréditée. 
Ce n’est pas ainsi qu’il m’apparaît. 
Tout de noir habillé, une distinction 
infinie se dégage de sa haute stature. 
Les belles boucles noires ont blanchi —- 
il est vrai — le visage s’est aminci, mais 
les yeux moqueurs y brillent vifs et clairs 
et un charme pénétrant émane des traits 
nobles et beaux, dont nulle ride sénile 
ne déforme le précieux ivoire. Les ges-
	        
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