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ÇA IRA !
La suie a fui
La pluie
charpie humide s'effiloche et se délie.
Le chemin luit.
Ahan! Ahan!
L'aurore vêt
de flammes,
les tenaces lichens et les sarments mauvais.
Voici les fraîcheurs qu'on rêvait?
Ahan! Ahan!
Les cœurs éclatent.
Orgueil solaire au front géant
des frondaisons houles qui battent..
Voici les cités d'or et les champs écarlates!
Sous la pluie et la suie, —
l'autel noyé battu par le vent nu cabré, —
dans sa chasuble dédorée,
le dernier prêtre
a célébré
la messe
devant deux béquilleux, lépreux et résignés...
Ahan! Ahan!
La révolte fait des géants !
Charles PLISNIER
Campagne carnavalesque
Les deux lanternes trouent l'ombre
comme les yeux d’un masque japonais.
Le corps du train, long serpentin
lumineux, déroule sa courbe fantasque
à travers les campagnes.
La musique : tam-tam monotone qui
cadence la danse.
Voici la grêle nonchalance des saules,
dans le cimitière. — Plus loin, les pom
miers rachitiques paraissent de gros
bonshommes — les peupliers costumés
en cigognes, les pins en parasols.
Et voici que commence le ballet des
arbustes bigarrés,
Le monotone tam-tam du serpentin
s'accentue de sifflets rauques. Des orties,
petits gosses aux calottes mauves, des
genêts malades suivent. — Voici les
trembles, sautillant sur un pied : le domi
no noir d'un cyprès, serré de près par