158
ÇA IRA !
dilapident leur talent en un sot verbiage. Ils
sont hautains et rarements spirituels. Ils ne se
préocupent pas de leur vie intérieure. Il sont,
peut-être trop lâches pour accepter le combat
où Wies Moens se démène en compagnie des
âmes inquiètes de l’avenir,
Supprimons délibérément la folie. Assez de
rire.
Dans un désir de paix universelle, il faut agir.
Wies Moens est aussi croyant.
Ses lèvres n’ont plus de mépris. Son cœur
n'a plus de haine.
On peut considérer ses poèmes commes des
étapes de sa sagesse nouvelle, qui repose sur
un examen de conscience.
Taillez, en mon âme, les plaies qui suppurent,
secouez mon cœur que lés fibres en gémissent —
Je chanterai comme le blé que l’on frappe.
Faites cuire vos poings sur mon visage,
Je sais des mains qui laveront mon visage.
Ecoutez, comme j’y prépare l’heure de ma ven-
[geance:
dans le silence, j’aiguise les grands mots de pardon,
Je veux vous faire fondre à la chaleur de mon
[amour
Ces deux petits volumes, dont le premier est
orné par des desseins curieux par Jos. Léonard,
f sont gentiment présentés. Nous en félicitons
le “ Sikkel
W. KON1NCKX.
*
* *
Maurice Rostaud Le Cercueil de Cristal.
(Paris. Ernest Flammarion, éditeur — 1920).
M. Maurice Rostaud est entré dans la
carrière des lettres avec un nom que son père
avait déjà rendu célèbre. S’il voulait soutenir
la gloire, déjà expirante, d’ailleurs, d’Edmond
Rostand, son coup d’essai eût dû être un coup
de maître.
Or que voyons-nous? M. Maurice Rostand
fait des “ bons petits diables „, sous l’œil dilli-
gent et avec l’aide de M me Rosemonde Gérard.
Ces mièvreries — ayant les défauts et pas les
qualités du Rostand de Cyrano obtinrent un
succès plutôt d’estime : on ne voulait pas sans
doute pas froisser ce bon Rostand qui était si
fier de son gamin !...
Mais évidemment, on s’en est lassé. Et à
peine Edmond Rostand vient il de disparaître
que son fils s’aperçoit que sans cette aide
puissante, il ne fera jamais rien dans le genre
mièvre. Essayons autre chose ; écrivons un
livre révolutionnaire, mais qui ait en même
temps quelque chose de décadent, quelque
chose d’inaccoutumé. Peut-être aurons-nous
du succès, et le public dira-t-il : Tiens, tiens,
quel type ce Maurice Rostaud !
Ainsi naquit “ Le Cercueil de Cristal „.
C’est un roman écrit sous forme de journal,
et dont les deux premières parties (c. à. d. les
deux tiers du livre) sont incolores, dénuées de
tout intérêt, et fastidieuses. On sent trop bien
que l’auteur pose, veut faire son petit Chaterton
“ modem style „ et le réussit mal. Une certaine
dépravation raffinée, nn étalage de sentiments
pas vrais relèvent le goût de cette sauce un
peu fade.
Les deux dernières parties du roman con-
tienent guelques pages à retenir, mais on sent
encore le peu de naturel, le manque absolu de
toute sincérité.
Nous voulous croire, pourtant, que M.
Maurice Rostaud a une bonne plume, et peut
produire de bonnes choses. Mais qu’il choisisse
un genre qui lui convienne mieux, et qu’il fasse
plutôt des “ Musardises „ que des livres
“ bolcheviks „ ; il y a des chances que cela lui
réussisse mieux que “ Le Cercueil de Cristal „.
Echos
Naissance : M. Marcel Say nous annonce,
pour octobre, la parution d’une nouvelle re
vue : Le Pal. Nos meilleurs vœux!