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autant de netteté. La réalité sociale est
évidemment celle qui se vérifie le mieux :
aussi la révolution sociale est-elle la plus
fréquente. La réalité ethnographique est
largement enracinée: aussi l’histoire
nous en fournit maints exemples si celui
des Irlandais ne suffît pas. La réalité
politique, par les conséquences qu'en"
traîne son mépris, a provoqué quelques
révolutions aussi. Mais nous n’avons
pas encore vu la révolution (si décisive,
pourtant) qui dressera les peuples pour
la reconnaissance de la grande réalité
économique du libre-échange, sur la
quelle seule un équilibre peut s’obtenir.
La révolution est un appel à la réalité
lancé au gouvernement par le peuple,
qui ne se contente pas d’une formule
comme les journalistes, mais qui veut
adapter un programme politique à cette
réalité essentielle. Dès lors un boule
versement plus ou moins superficiel,
c’est à dire plus ou moins sain, est
inévitable.
*
* f *
C'est ainsi qu’à l’intérieur de chaque
pays, la nécessité d’un programme n’est
pas moins impérieuse que dans l’ordre
international. Car s’il n’en a pas, le
gouvernement capitulera successive
ment devant tous les groupes turbulents,
composera avec toutes les résistances
sentimentales, et n'avancera pas sur la
voie de la justice et de cette prospérité
sociale qui est la seule intéressante et la
seule équitable. Il subira le prestige de
l'accident militariste, la dictature du
capitalisme avec toutes les compromis
sions et toutes les malfaisances qu’elle
entraîne (diplomatie secrète, protection
nisme, impôts indirects), la tyrannie des
opinions et des cultes, l’électoralisme.
Il sera l’esclave des évènements, c'est
à dire des passions, dont il renforcera la
puissance néfaste, sans rien construire
de durable.
Car, qu’on le veuille ou non, la réalité
commande que le capital, sans lui im
puissant, cède au travail une partie de
ses bénéfices ; — que l’homme dont le
travail est la seule source de profits, ne
paie ni directement ni indirectement
aucun impôt, et que le revenu seul soit
taxé, progressivement, selon son impor
tance, et sans ménagements ; — que la
porte soit ouverte entre tous les pays ;
— que le peuple n’ignore rien des déci
sions qui le lient ; — que le parlementa
risme soit aboli et que les Chambres,
composées d'omniscients, soient rem
placées par des commissions de tech
niciens élues à court terme et pour
l'examen d’un cas ou d’une série de cas
déterminés ; — que la liberté individuelle
soit pleinement respectée et, par consé
quent, que soient abolies la conscription
et les armées. Bons ou mauvais, selon
les appréciations, — selon les sentiments
et les intérêts, surtout — il faudra bien
qu'on accepte ces principes. Mais ils
sont si mal menés par les évènements,
que seule je crois, une révolution pourra
les vivifier. Comme quelques-uns d’entre
eux sont du domaine social ou politique
il est probable d'ailleurs, que cette révo
lution (je l’ai dit plus haut) sera prochaine
et impitoyable, — l’illusion transformiste
étant morte — et nous veillerons à ce
que les réalités économiques ne soient
pas méconnues.
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* *
Tout s'enchaîne.
Il faut un programme. Celui-ci ne peut
être que le triomphe et la reconnaissance