Volltext: Ça ira (7 = 1920, octobre)

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ÇA IRA ! 
dessein n'est pas de nous réjouir de la 
chute d'un ennemi, non, mais qu'il nous 
soit permis de presser sur notre sein nos 
frères libérateurs et de laisser flotter sur 
nos foyers les couleurs glorieuses de la 
patrie retrouvée. Nous rendons hom 
mage à la brillante victoire zébro- 
vienne. Pourtant, Excellence, il serait 
prématuré de parler de paix. Notre sort 
est désormais lié aux illustres destinées 
de la Zébrovie et notre patrie demeure 
encore mutilée d’une ou deux provinces 
qui lui sont chères. Patience. Nous triom- 
-pherons des difficultés, dussions-nous 
une fois de plus faire appel à la 
vaillance de nos miliciens. — Nous 
avons à déplorer la mauvaise foi d’un de 
nos voisins, mauvaise foi qui est d'autant 
plus manifeste que la province que nous 
lui réclamons est d’une étendue très li 
mitée et est pour nous d’une nécessité 
vitale. — Puissions nous arriver à une 
solution pacifique, si toutefois ce genre 
de négociation, qui aboutit générale 
ment à un compromis, ne répugne pas à 
l’honneur zébrovien „. 
Monsieur le maire insista aussi sur la 
nécessité de renforcer la défense natio 
nale car les Hurons vaincus ne jouait la 
comédie du désarmement que parce qu’ 
ils y étaient contraints. Puis il termina : 
Mes chers adminisrrés, Landerneau est 
libre, l'ère de la terreur à cessé de régner, 
Le tyran est écrasé. Il ne débauchera 
plus nos petites filles et après les horreurs 
d’une guerre, où nous avons été entraî 
nés à notre corps défendant, les temps 
approchent où nous allons enfin goûter 
les voluptés de la paix. „ 
Cette péroraison fut saluée par les 
accents de l’hymne zébrovien. Ce fut 
un moment pathétique. Toutes les têtes 
se découvrirent. Un frisson parcourut 
toutes les entrailles et de toutes les 
poitrines ne jaillit qu'un cri : Vive la 
Zébrovie!, Vive Landerneau!, Vive 
Monsieur le Maire ! 
L’enthousiasme était porté à son com 
ble lorsqu’un déplorable incident vint, 
mettre une ombre légère à ce pittoresque 
tableau. A l’une des extrémités de la 
place un brouhaha s’était produit : L’in 
stituteur Guimauve n’avait pas enlevé 
son chapeau ! Cet acte insensé provoqua 
l’indignation générale. Des bruits circu 
lèrent dans la foule: “Guimauve? Mais 
c’est le bras droit du tyran. „ C'était 
un triste personnage. Il avait refusé 
d'adopter la langue zébrovienne comme 
langue maternelle sous prétexte qu’il 
était trop âgé pour changer, sinon sa 
façon de voir, du moins sa manière de 
parler. On cria : Allons, ouste, lors 
qu’un monsieur coiffé d’un chapeau 
haute-forme et porteur de guêtres jaunes 
s’approcha de Guimauve et fort de 
sentir toute la foule de son côté, fit 
voler au loin le Borsalino du récalcitrant 
en déclarant: “Vous êtes un âne, votre 
place n’est pas en Zébrovie, votre place 
est sur la paille. „ 
Malgré cet incident la fête se pour 
suivit jusque fort tard dans la soirée. La loi 
contre l'alcool avait été levée pour qua 
rante huit heures. La population escorta 
le cortège aux flambeaux aux sons 
joyeux du pas redoublé : 
“ Nos bons aïeux aimaient à boire 
Que pouvons-nous faire de mieux. „ 
tandis que les bals populaires s’impro 
visaient à tous les carrefours. 
A quelques jours de là on apprit qu’ 
une petite fille avait été violentée dans
	        
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