ÇA IRA ! 
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Des voiles de Kachmir cachent la 
la tête du jardin — 
Un de ces soirs d’étoiles et de tons 
bleus et mauves — 
Deux francs yeux profonds — 
- - - ou ri être pas 1 
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Ht * 
Le vent souffle dans la rue. Des 
paquets de pluie, larmes d’ennui, se 
plaquent sur les murs. De lointaines 
lumières mettent de longues trainées 
blafardes sur les dalles mouillées. Les 
mille chouettes du vent hululent dans 
les oreilles. Les pas, mécanique humaine, 
résonnent. Des hommes marchent, vite, 
le dos courbé. Plus loin des silhouettes 
équivoques rôdent autour des portes 
lumineuses. Un phare d'auto ouvre son 
œil rond dans tout ce noir. La ville 
sinistre de la nuit, étend ses tentacules 
sombres. Là, un globe électrique écla 
bousse d’une tâche d’ocre sale, le trot 
toir. Un homme tombe hors d’un trou 
de lumière. Il titulbe, grand oiseau ivre, 
les ailes du paletot ballotant ricicule- 
ment, Il hante des choses inarticulées, 
perçantes. Les pavés dansent... Les 
maisons, basses et trapues, blocs hypo 
crites, luisent de toute l’eau qui les lave. 
Des rues encore, encore. La solitude, 
la pluie, le vent. Là-haut, un carrillon 
aigrelet et faux, chante la chanson 
stupide de toutes les heures du jour. 
Jean KAROL, 1920. 
NOTULES 
Les Livres 
Les Apparitions d’Ahasvérus, par Han 
Ryner, (Paris, Figuière). 
C'est toujours avec un intérêt renouvelé que 
nous voyons apparaître un nouveau livre 
d’Han Ryner, Par la profondeur de sa pen 
sée et aussi par la richesse inépuisable de son 
cœur ce philosophe, est un des écrivains les 
plus grands de notre époque. 
Il ne fut pas grandi par les évèments, ni par 
la poussée des cénacles. Il ne le fut même pas par 
sa volonté. Simplement il a accumulé morceau 
par morceau toute une œuvre puissante et qui 
restera. 
La masse l’ignore, mais il n’est pas un esprit 
éclairé qui ne le connaisse et qui ne se soit re 
trempé à sa sérénité, à sa foi, qu’il a su main 
tenir intactes au-dessus de la fange des temps 
présents. 
Han Ryner appartient au petit groupe fous 
les jours plus réduit de ceux qui ne croient pas 
au salut par la violence, à la régénération par 
le sang, mais au contraire à l'efficacité toute 
puissante de l'amour qui seul peut reconstruire 
ce que la haine a détruit. 
Presqu’en chacun de ses livres Han Ryner 
nous conta les dits et pensées d'un philosophe 
ancien ou imaginaire. Il nous a raconté Jésus, 
Pythagore, qui ont remué les cœurs de l’huma-