Volltext: Ça ira (7 = 1920, octobre)

ÇA IRA ! 
nité qui souffre et qui lentement — bien 
lentement — s’améliore. Et au travers de cette 
pensée il nous a montré aussi son grand cœur. 
Dans les "Apparitions d’Ahasverus „ il a 
concentré non plus la ; vie d’un homme oû d’une 
époque, mais l’épopée toute entière de la pau 
vre humanité assoiffée de justice, de cette jus 
tice qui sonne " vengeance „ aux oreilles des 
ventre-creux et à bien d’autres oreilles. 
Ahasvérus le juif qui erre éperdu’ dans l'es 
pace et le temps, parcourant la terre pour al 
lumer l'incendie de la révolte ou troubler 
Vesprits des mourants, c’est l’homme qui rai 
sonne au lieu d’aimer. Toutes nos peines et 
tous nos maux peuvent se résoudre dans ce 
conflit : raison, sentiment, C’est la raison qui 
cherche, éclaire et construit, mais point de con 
struction durable sans l’amour qui en est comme 
le ciment. Or les cœurs sont figés comsse celui 
d’Ahasvérus dans sa poitrine d’airain. Un jour 
Jésus lui a dit “Arrête-toi,, et son cœur s’est 
figé, et aussitôt il s’en est allé plein d’inquié 
tude sans pouvoir s’arrêter. Ainsi va l’huma 
nité. De temps en temps un cœur se réchauffe 
et s’ouvre, mais il est aussitôt étouffé par la 
masse. Comme un fanal s’allume brusquement 
dans la nuit, des hommes se lèvent et disent des 
mots que nul ne comprénd, mais que tout de 
même il fallait dire, parce qu’ils créent quand- 
même un peu plus de conscience. 
Petit est le nombre de ce ix qui vous com 
prendront, ô Han Ryner, mais grande est la 
paix qui règne dans leur cœur, paix qui un 
jour illuminera toutes les âmes. Un jour ! 
Quand l'humanité inquiète et insensible aura 
enfin compris que c'est le bonheur des individus 
qui crée le bonheur de la masse ; que le pro 
grès va du dedans au dehors et non du dehors 
au dedans. Maurice van ESSCHE 
* 
* * 
Pierre et Luce, par Romain Rolland' 111. 
de Frans Massereel. (Edition du " Sablier „). 
L’histoire de Pierre et Luce est charmante. 
Pas d’intrigues compliquées, pas de situations 
extraordinaires. 
C’est seulement un récit où Romain Rolland, 
grâce à la fragilité d’expression que nous ai 
mons chez lui, grâce encore à une sobriété de 
détails, grâce surtout à son style pur comme 
l’amour de Pierre et de Luce, nous offre un 
délicieux échantillon de son talent. Le maître 
écrivain de Jean Christophe, le tribun qui lan 
ce des appels aux peuples assassinés, fait 
place à un conteur honnête et doux. En quel 
ques mots, il trace l’image de ses personnages 
si précisément, que nous nous les figurions 
comme Frans Masereel, l’adroit illustrateur de 
ce livre, se les figura. 
Le sujet est simple. 
Pierre est fils de bourgeois aisés. 
Luce est une jeune fille malheureuse et 
pauvre. 
Ils se rencontrent dans le métro, où la peur 
que suscite en eux une attaque de taubes sur 
Paris, les réunit un moment. Dès lors,'ils s’ai 
ment. Ce n’est même plus la guerre... Ils savou 
rent la paix de l’Amour. Et ce sont des détails 
insignifiants comme la plupart des détails 
d’amour ; ils sont heureusement vivants et en 
deviennent beaux. Un jour, Pierre apprend 
son départ prochain pour les tranchées. Luce 
et lui décident de se donner l’un à l’autre la 
veille de ce jour, Ils entrent dans une église 
pour consacrer leur promesse. Ils joignent leurs 
prières, quand, soudain, la colonne à l’ombre 
de laquelle ils se tenaient, s’écroula. Une bombe 
avait touché le sanctuaire... 
Le roman se termine brusquement. Le lec 
teur. ému, compatit au sort des amoureux... 
Et pas de rhétorique ! Nous conseillons vive 
ment la lecture de ce livre à nos amis. 
W.K.
	        
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