ÇA IRA !
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et plus que sa rare sagacité psycholo-
gique — cet enthousiasme raisonneur
dont il est l'exemple, nous touche et
nous est une indication.
Ce sont de peu sérieuses féeries que
les œuvres où l’imagination n’a d’autres
limites que celle de sa propre force.
D'autre part, les œuvres dont la ferveur
et l'exaltation active sont bannies nous
laissent froids, parce que la vie est
encore, avec l’ardeur à la parcourir, la
seule chose qui séduise l'homme.
Mais distinguer entre les lyrismes et
les enthousiasmes, séparer ce qui doit
nous faire sourire de ce qui exige notre
attention, ce qui est mise en scène ou
mensonges de ce qui doit nous con
server la joie supérieure d’éprouver de
belles sensations et de grouper des
nobles pensées.... C’est à tout cela que
nous invite l'œuvre de Stendhal.
Egalement distante d’une exaltation
qui refuse la règle de la pensée, et de
l’esprit critique absolu qui tarit à sa
source l'émotion, son attitude est riche
d’intérêt pour nous ; elle correspond à
celle que semble choisir l’intelligence
contemporaine. Celle-ci cherche dans
l'enthousiasme un contrepoids à l'ana
lyse sèche des réalités, laquelle ne suffiit
pas aux besoins de l’esprit. D’autre
part, dans l’examen des motifs que nous
avons de nous émouvoir, elle trouve le
moyen de n’être enthousiaste que par
rapport à des objets qui le méritent.
Dans cette voie, l'auteur de “ La
Chartreuse,,, et d’autres avec lui, —
mais lui plus particulièrement — nous
précèdent et nous dirigent. Malgré le
recul d’un siècle, la réalisation de cet
équilibre reste encore, je crois, la for
mule parfaite de l’idéal littéraire.
Entr’autres, de celui-là, mais c’est le
seul qui m’occupe ici.
C’est pour exprimer, par sa vie et ses
livres, les principes de la rectification de
l’enthousiasme, qu’il a plû à Stendhal
d’être incompris de son époque, et
même de ses amis. Et c’est la certitude
qu’il avait, de la concordance future de
son attitude avec celle que prennent la
sensibilité et l’idée modernes, qui lui
faisait écrire en î 832, avec confiance
et pénétration : “Je n'estime que d’être
réimprimé en 1900,,. LÉ0N CHEN0Y ,
Juin-Août 1918.
Lieux-communs
il
Nous acceptons la venue du com
munisme comme un axiome. Ou, tout
au plus, devant les incrédules, comme
un théorème des plus faciles à démon
trer. La société n’a pas toujours été ce
qu’elle est aujourd’hui, il n'y a même
pas longtemps qu'elle est telle. Il fut un
temps, bien proche encore, où les
rapports des hommes entre eux étaient
différents de ce qu'ils sont maintenant.
Il n’y a donc aucune raison de croire
que la situation présente s’éternisera,
que les formes que revêt la vie sociale
soient inaltérables, Les opinions ne
peuvent différer que sur le mode et
l’opportunité actuelle du “ boulever
sement,,. Sera-t-il lent — évolution —■
ou brusque — révolution — ? Se décider