Volltext: Ça ira (16 = 1921, novembre)

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être-là une véritable admiration qui ne serait pas une admiration 
de publicité mais un amour militant de tous les hommes, de toutes les 
femmes pouvant seul lui faciliter les moyens de vivre et de s’exprimer 
mais, n’est-ce-pas, la plupart des patriotes cachent leur cupidité sous 
le drapeau du patriotisme et à la chambre des députés les honnêtes 
et bons législateurs s’occupent plutôt d’améliorer le sort de l'ouvrier 
-— moyen de soigner les futures élections — que d’assurer le sort d’un 
malheureux individu qui peut valoir à lui seul cinq cent mille ouvriers, 
mais n’a que son unique voix à porter aux urnes, ah ! celui-là, MM. 
les législateurs ne s’en foutent pas mal ! Un petit employé des galeries 
Lafayette travaille autant qu’un travailleur mais il compte moins 
parcequ’il se lave les mains et met un faux col ; pour être un bon 
travailleur il faut porter la crasse comme une banière ! Et vous parlez 
d'une égalité — qui sercût bien d’ailleurs, la chose la plus ennuyeuse 
à supporter. Ce qui fait la beauté de la vie c’est son injustice, voyez 
vous toutes les femmes ayant le même visage, la même taille, les 
hommes tous blonds, avec des yeux bleus, une grande barbe, comme 
taille 1 m 83 ? Et tous artistes-peintres ou ouvriers ? Je suis contre le 
communisme, contre cet idiot de Lénine qui fit d’un général un soldat 
et d’un soldat un général, ce qui revient exactement au même. Ils ont 
peut-être en Russie le bonheur moral mais pour que ce bonheur moral 
puisse durer il faut y ajouter le bonheur physique. 
La seule chose qui m’ait intéressé un instant chez les Russes, ce 
fut la Révolution, mais elle ne dura que quelques semaines et main 
tenant ils ont le même esprit “famille bourgeoise" qu’ici. La révolution 
a exterminé les imbécilités tzaristes pour les remplacer par d’autres 
absurdités qui nous apparaissent avec les mêmes exagérations oppor 
tunistes que celles enfantées par le capitalisme autocrate du gouver 
nement impérial. 
La noblesse russe a vendu ses bijoux pour continuer l’élan de son 
plaisir, bientôt ils vont vendre leurs cœurs à la façon dont les mal 
heureuses prostituées de Moscou vendent leurs fesses ou, ce qui est 
encore plus embêtant, les donnent pour rien à un arrière petit cousin 
du nouveau tzar Lénine... Pardon mon cher Lénine, c'est vrai vous 
n’êtes pas tzar, vous concentrez l’idéal et les besoins de votre époque, 
lesquels sont pour la plupart de vos admirateurs le désir de se mettre 
du poil à gratter dans le nez ! L’autre jour, passant près de chez vous, 
j’ai escaladé la barrière de votre jardin, ayant aperçu des fruits 
magnifiques sur les arbres et j’ai secoué énergiquement un de ces 
arbres afin d’étancher ma soif et de calmer ma faim. J’ai alors reçu sur
	        
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