duc avec une exactitude savoureuse. L’ouvrage est édité avec le soin
auquel les éditions du “Sikkel,, nous ont habitués depuis longue date
et il est illustré avec une compréhension parfaite par les bois de
Henri van Straten.
* * *
JOZEF PEETERS : 8 linos - 1922.
Jozef Peeters vient de publier un nouvel album contenant huit linos
en noir et blanc. Précisément au même moment, cet artiste expose
l’essentiel de ses conceptions artistiques dans un article d’une jeune
revue flamande “Het Overzicht,,. Grâce à cette double publication,
nous pouvons donc nous rendre compte et du but qu’il poursuit, et
des résultats qu’il a obtenus en essayant de le réaliser.
“Art collectif,,, telle est l’étiquette que Peeters a adoptée pour sa
forme d’art. Par là, il veut désigner un art impersonnel, n'imposant
aucune vision particulière, aucune conception subjective des choses,
mais qui au contraire soumet au spectateur un objet complètement
indépendant, un monde en soi, devant lequel il a à se comporter
comme devant n’importe quel autre objet créé. Cela est fort bien.
Mais il me semble que Peeters se base ici sur une mauvaise inter
prétation du mot “créer,,, dont le sens exact signifie faire quelque
chose de rien. Et cela, un peintre, malgré tout le génie dont il pour
rait disposer, n’en est pas capable. Il emploie des formes, des couleurs.
Et ce fait à lui seul suffit pour que ce soit un non-sens de prétendre
que l'œuvre d’art est une chose absolument indépendante. L'œuvre
d'art est le résultat d’une émotion de l’artiste, d’une certaine concep
tion que les choses lui ont suggérée, et elle n’a d’autre but que de
communiquer au spectateur, le plus intensément possible, cette émo
tion, cette conception. Dès lors, il existe fatalement un rapport entre
l’œuvre réalisée et les éléments dont elle est issue. Cela est incontes
table. Et il est également patent que si le peintre veut à tout prix
supprimer ce rapport, s’il veut édifier une œuvre que plus rien ne
relie à l’univers des hommes, il n’arrive qu’à faire œuvre décorative,
inhumaine, si je puis dire.
Peeters m’objectera sans doute que les formes géométriques dont
il se sert, tout abstraites qu’elle soient en apparence, n'en sont pas
moins en étroite connexion avec les spectacles qui l'ont inspiré. Je
vi eux bien, Mais s’il en est ainsi, pourquoi s’imposer un usage abso
lument exclusif de ces surfaces inertes, de ces triangles, de ces carrés,
de ces cercles ; et pourquoi proscrire implacablement toutes les autres
formes, même dans le cas où elles seraient susceptibles de donnçr