Isidore Ducasse
POÉSIES
]I
Le génie garantit les facultés du cœur.
L'homme n'est pas moins immortel que l'âme.
Les grandes pensées viennent de la raison !
La fraternité n'est pas un mythe.
Les enfants qui naissent ne connaissent rien de la vie,
pas même la grandeur.
Dans le malheur, les amis augmentent.
Vous qui entrez, laissez tout désespoir.
Bonté, ton nom est homme.
C'est ici que demeure la sagesse des nations.
Chaque fois que j'ai lu Shakspeare, il m'a semblé que
je déchiqueté la cervelle d'un jaguar.
J'écrirai mes pensées avec ordre, par un dessein sans
confusion. Si elles sont justes, la première sera la consé
quence des autres. C'est le véritable ordre. Il marque mon
objet par le désordre calligraphique. Je ferais trop de dé
shonneur à mon sujet, si je ne le traitais pas avec ordre. Je
veux montrer qu'il e>n est capable.
Je n'accepte pas le mal. L'homme est parfait. L'âme ne
tombe pas. Le progrès existe. Le bien est irréductible. Les
antéchrisls, les anges accusateurs, les peines éternelles,
les religions sont le produit dot doute.
Dante, Milton, décrivant hypothétiquement les landes
infernales, ont prouvé que c'étaient des hyènes de première
espèce. La preuve est excellente. Le résultat est mauvais.
Leurs ouvrages ne s'achètent pas.
L'homme est un chêne. La nature n'en compte pas de
plus robuste. Il ne faut pas que l'univers s'arme pour le
défendre. Une goutte d'eau ne suffirait pas à sa préserva
tion. Même quand l'univers le défendrait, il ne serait pas
plus déshonoré que ce qui ne le préserve pas. L'homme sait
que son règne n'a pas de mort, que l'univers possède un
commencement. L'univers ne sait rien : c'est, tout au plus,
un roseau pensant.