— 13 —
un hommage volontaire. L'espoir ne consentirait pas à
n'être qu'un hommage.
Le mal s'insurge contre le bien. Il ne peut pas faire
moins. >
C'est une preuve d'amitié de ne pas s'apercevoir de
l'augmentation de celle de nos amis.
L'amour n'est pas le bonheur.
Si nous n'avions point de défauts, nous ne prendrions
pas tant de plaisir à nous corriger, à louer dans les autres
ce qui nous manque.
Les hommes qui ont pris la résolution de détester leurs
semblables ignorent qu'il faut commencer par se détester
soi-même.
Les hommes qui ne se battent pas en duel croient
que les hommes qui se battent au duel à mort sont coura
geux.
Comme les turpitudes du roman s'accroupissent aux éta
lages ! Pour un homme qui se perd, comme un autre pour
une pièce de cent sous, il semble parfois qu'on tuerait un
livre.
Lamartine a cru que la chute d'un ange deviendrait
l'Elévation d'un Homme. Il a eu tort de le croire.
Pour faire servir le mal à la cause du bien, fe dirai que
l'intention du premier est mauvaise.
Une vérité banale renferme plus de génie que les ou
vrages de Dickens, de Gustave Aymard, de Victor Hugo,
de Landelle. Avec les derniers, un enfant, survivant à
l'univers, ne pourrait pas reconstruire l'âme humaine. Avec
la première, il le pourrait. Je suppose qu'il ne découvrît
pas tôt ou tard la définition du sophisme.
Les mots qui expriment le mal sont destinés à prendre
une signification d'utilité. Les idées s'améliorent. Le sens
des mots y participe.
Le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique. Il serre
de près la phrase d'un auteur, se sert de ses expressions,
efface une idée fausse, la remplace par l'idée juste.
Une maxime, pour être bien faite, ne demande pas à être
corrigée. Elle demande à être développée.
Dès que l'aurore a paru, les jeunes filles vont cueillir
des roses. Un courant d'innocence parcourt les vallons, les
capitales, secourt l'intelligence des poètes les plus enthou
siastes, laisse tomber des protections pour les berceaux,