un peu son jeune frère. Un enfant. Que fait Sullivan, Sullivan, Sullivan, un nom à
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coucher dehors, un nom à coucher... ha.
Les bordels laissent couler vers le port une chevelure d’hommes apaisés, des
gens sans nom et sans désir. Un géant blond les yeux toujours pleins de genièvre
s’accroche encore aux robes ouvertes des ruelles. L’année dernière quand j’étais la
proie de l’Afrique. Ma chère Concepcion tu ne sais pas ce qui t’attend tontaine.
Mon père était scieur de long. Tu mens. Mon père a fait dans le suif une fortune
considérable.
Oh mais les événements internationaux se gâtent.
Prière aux faibles de se cacher. CJn autre soir, voilà que les rues du Caire roulent
de singulières pensées. Boris dans l’éclat d’une rixe regarde s’endormir un
marchand de tapis. Je vous dis que la situation mondiale est précaire. Le Bosphore
maintenant qui ressemble à une allumette. Là où les montagnes se sentent les
coudes, entre l’I et le C de la carte, cataractes de banqueroutes : les cervelles
sautent que c’est un vrai plaisir. Je vois un fleuve de suicides, j’entends des fanfares
laïques, et dans tous les puits de la terre le niveau du pétrole baisse, baisse à vue
d’œil.
A Paris dans un atelier de la rive gauche, des gens s’ennuient à cent sous
l’heure. Joseph se lève et sort. Les pissotières le reçoivent comme des sœurs. A tra
vers leur tôle étoilée il surveille les ombres glissantes. Quel langage mystérieux
parlent-elles ? se demandent Boris qui s’est pris dans les tapis du petit marchand
et Sullivan tout seul dans la campagne.
Les ombres n’ont cure des desseins des hommes. Les voilà qui s’échappent et
s’infiltrent entre les maisons. D’où viennent-elles? Ombres ombres prenez garde :
vous êtes le désordre et la perdition. Au fond croyez-vous vraiment que le père de
Sullivan Barney, Josuah Harry Barney, ait gagné sa fortune dans le suif ? La
panique s’en mêle dans les grands magasins. Dans un petit hôtel de la cité à
Londres on demande leurs papiers à quelques êtres absurdes, bien fatigués, échoués
à tous les étages avec leur amour. Il y avait un malais sur le nombre. Au Caire ou
ailleurs la révolte s’étire entre les terrains vagues.
Ce n’est pas tout ça : Concepcion parle pour s’étourdir. Pas de peine. Sullivan
assis à côté d’elle a un petit regard sournois. Elle touche ses genoux. Il écarte dou-
cernent les bras, Cette fois, nous n’y coupons pas : c’est la guerre. L’inouï : l’Espagne
elle-même va se battre. Les ministères s’arrêtent de tomber. Boris chasse à grands
coups de pieds une sorte de moineau courbé sous des tapis. Quelle colère. Joseph
écrit quelque chose sur un mur. Tous ces gens sont faits pour s’entendre. Dans la
grande lumière qui se lève sur le monde, la maman de Concepcion ne peut pas dor
mir à cause du suif. Après tout, le suif encore une façon de parler. Josuah Harry a
oublié.
Le jour des noces se lève ébouriffé. Je renonce à décrire cette cérémonie pitto
resque. Adressez-vous à l’Olympia. Au moment où les sonnettes et les bannières
entrent en branle se produit l’éclipse. Sans être superstitieux on peut frissonner
quand une éclipse coïncide avec l’élévation de votre propre messe de mariage. Petite