8
P- Qn’est-ce que la foi ?
A. La certitude de choses ignorées et merveilleuses.
P. Qu’est-ce qui est merveilleux ?
A. J’ai vu dernièrement un homme debout, un
mort marchant, et qui n’a jamais été.
P. Gomment cela a t-il pu être? explique-le-moi.
A. C’était une image dans l’eau.
P. Pourquoi n’ai-je pas compris cela moi-même,
ayant vu tant de fois une chose semblable ?
A. Comme tu es jeune homme de bon caractère et
doué d’esprit naturel, je te proposerai plusieurs
autres choses extraordinaires; essaie si tu peux
de les découvrir toi-même.
P. Je le ferai; mais si je me trompe, redresse-moi.
A. Je le ferai comme tu le clésires. Quelqu’un qui
m’est inconnu a conversé avec moi sans langue
et sans voix ; il n’était pas auparavant, et ne
sera point après, et je ne l’ai ni entendu, ni
connu.
P. Un rêve peut-être t’agitait, maître ?
A. Précisément, mon fils. Ecoute encore ceci : j’ai
vu les morts engendrer le vivant, et les morts
ont été consumés par le souffle du vivant.
P. Le feu est né du frottement des branches, et il
a consumé les branches.
A. Il est vrai.
ALCUIN.
ŒUVRES, Pages 352 à 354 (Trad. Guizot.)