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126 ANDRÉ LHOTE
« expériences » à leur mur, en vue d’une confrontation
quotidienne, professent aujourd’hui T éloignement le plus
complet pour les tentatives modernes. Je me hâte d’ajou
ter que ce public trop vieux pour opérer une révolution
dans ses habitudes a été remplacé avantageusement par
des amateurs de la génération des peintres nouveaux, ce
qui est normal. JMais JVL. Vauxcelles qui feint d’ignorer
l’existence de ces jeunes amateurs va nous donner l’expli
cation d’un revirement de l’opinion qu’il juge universel :
La guerre a balayé les miasmes malsains qui menaçaient
de corrompre l’esprit public ; la méditation dans la nudité
effroyable des tranchées a retrempé les esprits ; le bon
sens a repris ses droits ; grâce à une vision redevenue
saine, un art solidement appuyé — j’allais écrire accroupi
— sur la matière aura seul des chances de plaire et de
prospérer.
— Le cubisme, ce mouvement malgré tout si impor
tant, aurait donc disparu sans laisser de traces ; rien ne
serait changé dans le domaine de la peinture ? — Eh que
non ! Notre adversaire, on le sait, est bien trop honnête
pour affirmer autre chose que ce oui est : Le cubisme aura
appris à construire, à donner plus de solidité au dessin, plus
de corps aux objets, à rendre plus pesant, enfin, ce que
les impressionnistes essayèrent d’alléger avec leurs vibra
tions colorées qui, répandues sur toutes choses, faisaient
participer les objets les plus solides : rochers et maisons
à la fluidité aérienne. M.. Vauxcelles, novateur, lui aussi,
est, en art, partisan résolu du plus lourd que l’air.
Dorénavant, un naturalisme intégral, dû à des pinceaux
maniés par des peintres qui ne raisonnent pas, qui n'ont
pas de théories, aura seul droit de cité dans une société
régénérée par les massages spirituels, si j’ose dire, de
Pinturrichio — et la tradition française, dont l’héritage