CHRONIQUE D’ART
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lyrisme généreux, et qui méritait de se survivre, animait
à ce moment-là toute une génération de peintres, qui s’in
titulaient cubistes, mais qui eussent plutôt mérité le qua
lificatif — d'un emploi d'ailleurs difficile — d'impression
nistes plastiques.
A tort ou à raison, je demeure fidèle à cette esthétique
d'avant-guerre. De vrais-je être accusé de perversité et de
mauvaise camaraderie, j'aime la situation indépendante
que cette attitude me crée, et j'éprouve un certain plaisir
à supporter la douche écossaise des récriminations d'amis
demeurés réalistes et des menaces d'excommunication des
cubistes purs, — ceux-là, cependant, me louant de faire
parfois ce que ceux-ci ne peuvent me pardonner de faire
encore...
Impressionnisme, cubisme, mots commodes pour les
esprits paresseux, collectionneurs de barrières, amateurs
de cloisons étanches. Il n'y a pas de cloisons étanches :
de même qu'il est impossible de situer exactement le com
mencement et la fin de l'impressionnisme, il est impossible
de délimiter le cubisme. Chaque groupe influence le groupe
voisin. La réaction du cubisme contre l'impressionnisme
n'est peut-être qu'un hommage involontaire rendu à celui-
ci. Quoi qu'en pensent les défenseurs du cubisme pur,
il serait temps de renoncer à de trop subtiles discussions
touchant c< la méthode inductive ou déductive », la valeur
du nu en peinture, et la question de savoir si la peinture
doit « raconter » ou se suffire à elle-même. L'important,
actuellement serait de laisser AL Vauxcelles digérer ses
matières pesantes, et d’unir nos efforts, nous, peintres,
pour hausser la réalité la plus lourde jusqu’à sa repré
sentation la plus aérienne, pour porter le concret jusqu'à
la forme plastique la plus abstraite, et pour donner à la
matière la plus haute apparence de spiritualité.