LA. POÉSIE
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LA POÉSIE
UNE NOUVELLE ÉDITION DE BAUDELAIRE. (Garnier éd.)
LE PRISME DE CRISTAL, par Paul Fier au (Expansion Belge, éd.)
Les Fleurs du Æal viennent d'avoir une édition de plus, aux clas
siques Garnier. Vétusté des chefs-d'œuvre : tout papier devient bon,
toute couverture suffit. Nous verrons sans doute bientôt Baudelaire
à trois sous, tiré sur rotative, dans la série des Drôles oubli 's ou
des Trente Cinq Secondes en Taxi de quelque astucieux marchand de
paperasses. C'est bien regrettable.
Telle quelle, l'édition Garnier n'est pas trop affreuse, pourtant.
Un peu triste, peut-être, et pauvre. On eût pu l’orner d’un meilleur
portrait du poète, par exemple, et après la claire préface de M. Ernest
Raynaud, donner encore celle de Théophile Gautier. Que celle-ci soit
maladroite et desserve l’ami et le livre, c’est possible, encore que ce ne
soit ni certain, ni universel. Mais elle faisait partie du livre tel que
nous le connûmes si longtemps, et elle avait sinon un avantage sur
toutes autres, du moins ce mérite bien propre, d'être de la plume d’un
contemporain de Baudelaire. Par quoi, toute exécrable qu'on la trouve
ou la veuille, elle garde un sens vivant qu'aucune autre ne saurait lui
disputer. La postérité est une fort belle chose, mais qui arrange un
petit peu trop à sa façon ce qu'elle embaume et perpétue. Baudelaire