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Venus
Il faut parler des choses fleurissantes comme les couleurs
dont on sent le poil de cocotier par la robe
et de celles qui sont le produit discret
de la civilisation
A quoi bon célébrer le vol de Costes et Le Brix
les facéties du Bremen
le raid de l’Automobile Club
ou les toiles de Mondrian
quand
s’enfle
dans les mains la réalité qui étend
au dessus des yeux
une brume
une brume noire sans amour
vêtue en matin caoutchouteux de couleur de rose et de la chair
Vénus
aux doigts de rose
fleurissante entre les croix noires
et l’odeur du phénol
je te chante
la beauté des approchements
et
la nuit
qui dans les yeux se répand en plomb
la nuit épanouie au-dessus de Paris roux
comme une criante cravate de soie
je désire plus près de moi ta bouche
penchée et tendue
je ne peux
je ne peux pas penser en couleur rouge
le nu est pur et blanc
et transparent
Le sourire, qui n’a pas mûri
L’ostracisme des rêves peints en rouge, en couleur de la grandeur
et la pensée méticuleuse et douce, comme une banane
mais les yeux ont la teinte du ciel, du ciel édifié par les huîtres
qu’orne le soleil, un grand œuf des transformations
on ne peut pas être trop gourmand — ce plat de joie
témoigne peut-être de la santé physique, mais ce n’est pas cela, car
il faut le printemps simplifier dans la bouche par la hâte
et mai vert comme un sourire verser dans des verres en pourpre
La réalité
C’était au moment où les alligators fatigués par l’amour s’endormaient dans
(l’ombre des fleurs voyageuses
(leur ange tutélaire les a préservés de la grandeur)
le vent plaçait sous la paupière les routes de noix et de raisins secs qui se
dissolvaient en ciel d’aluminium
les gens portaient leurs cœurs à des petites chaînes, comme les montres
les gens...
les cœurs...
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les rêves poissonneux coulaient dans la bouche ouverte
JAN BRZĘKOWSKI.